De Bruxelles à Hollywood, l’aventure des réalisateurs de Black

Bilall Fallah (à gauche) et Adil El Arbi (à droite), les réalisateurs de Black. © DR
FocusVif.be Rédaction en ligne

« On a eu notre ticket pour Hollywood »: après Black, film sur les bandes urbaines, les Belges Adil El Arbi et Bilall Fallah se préparent à tourner Le Flic de Beverly Hills 4 aux Etats-Unis.

Un parcours inattendu pour ces cinéastes flamands d’origine marocaine de 28 et 30 ans, qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école d’art Sint-Lukas à Bruxelles. « En Belgique, vu que Black a eu un grand succès, on croyait qu’on allait crouler sous les propositions, mais pas du tout », a raconté Adil El Arbi, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

Pour les deux cinéastes, qui travaillent toujours ensemble – « comme les frères Dardenne, mais version marocaine! » – tout a commencé avec la sélection de Black l’an dernier au Festival de Toronto, où il a reçu le prix Découverte. « Le film a été vu par Jerry Bruckheimer, le producteur de Top Gun, de Pirates des Caraïbes. (…) Comme il cherchait un réalisateur pour Le Flic de Beverly Hills 4, et que l’atmosphère ressemblait un peu à la façon dont on a montré les quartiers de Bruxelles, il nous a envoyé le script », indique Adil El Arbi. « Eddie Murphy a reçu le DVD de Black (…) Il a dit au producteur « C’est bon, vous pouvez prendre ces mecs »! »

Outre Le Flic de Beverly Hills 4, dont le tournage devrait débuter fin 2016 ou début 2017, les réalisateurs belges ont aussi été sollicités aux Etats-Unis par la chaîne de télévision FX (Fox). Ils vont réaliser pour elle cet été le premier épisode d’une nouvelle série, Snowfall, qui se déroule dans le Los Angeles des années 80 où se répand alors le crack.

Avec cette aventure américaine, les deux cinéastes emboîtent les pas de leur ancien professeur Michaël R. Roskam, réalisateur de Rundskop, qui a tourné ensuite aux Etats-Unis The Drop (Quand vient la nuit). « Il fallait juste qu’il y en ait un qui montre que c’était possible », explique Adil El Arbi.

« Hiver culturel »

Sorte de Roméo et Juliette bruxellois, Black raconte une histoire d’amour impossible entre deux adolescents appartenant à des bandes rivales. À sa sortie en novembre en Belgique, où il a été interdit aux moins de 16 ans, ce film plein d’énergie – qui revendique l’influence de La Haine de Mathieu Kassovitz, du film brésilien La Cité de Dieu ou des films de Spike Lee – avait remporté un succès remarqué, mais avait été critiqué par certains pour ses scènes de violence. « On ne pouvait pas vraiment faire un film sur les bandes urbaines sans montrer cette violence », se défend Adil El Arbi. Des incidents avec des jeunes avaient émaillé sa première journée d’exploitation au Kinepolis.

En France, où il a été aussi interdit aux moins de 16 ans, le film est sorti directement en vidéo à la demande (VOD) le 24 juin. Après avoir prévu de le sortir en salles, son distributeur y a finalement renoncé après les attentats du 13 novembre à Paris (130 morts), mettant en avant notamment les « réticences des exploitants ». « On nous a dit assez rapidement que c’était l’atmosphère générale du film qui ne collait pas avec le climat politique », explique Adil El Arbi.

« C’est quand même paradoxal, parce que le film est en français et ne va pas pouvoir sortir en France », ajoute le cinéaste. « On a l’impression qu’il y a une sorte d’hiver culturel qui plane maintenant sur la France, où il y a des sujets qu’on pense être trop difficiles. »

Après leur expérience aux Etats-Unis, les deux réalisateurs comptent revenir en Europe. En projet, « un film plutôt humoristique mais encore un peu violent, sur des dealers de drogue d’Anvers ».

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