Dans Wonder Wheel, Woody Allen promène sa nostalgie à Coney Island

Juno Temple dans Wonder Wheel de Woody Allen © ISOPIX
FocusVif.be Rédaction en ligne

Après plusieurs détours, le réalisateur américain Woody Allen revient à New York, sa ville d’origine, pour son nouveau film Wonder Wheel, drame amoureux sur fond de fête foraine à Coney Island

Le film est produit par Amazon Studios et sera le premier distribué seul par le bras artistique du géant de la distribution en ligne.

A la dernière minute, le studio a annulé l’avant-première du film, mi-octobre, qui devait intervenir quelques jours après l’éclatement du scandale Harvey Weinstein. D’aucuns y ont vu le souhait d’éviter d’associer au producteur hollywoodien le nom de Woody Allen, qui a été accusé d’agression sexuelle sur sa fille adoptive Dylan, âgée de 7 ans à l’époque, allégations qu’il a toujours réfutées.

Une autre avant-première a été organisée mi-novembre, mais Woody Allen n’a donné aucune interview lors de la promotion du film qui sort vendredi aux Etats-Unis et le 31 janvier en France.

Pour son 47ème long métrage, le réalisateur revient à Coney Island, la plus célèbre plage de la ville où se déroulait la scène d’ouverture d’Annie Hall, peu après la Seconde guerre mondiale. Voici quarante ans, depuis Annie Hall, que le metteur en scène rend hommage sous diverses formes à New York, territoire peuplé de personnages hauts en couleur, favorable aux névroses de toutes sortes.

Cette fois, il s’offre une nouvelle plongée nostalgique dans la période des années 30 à 50, qui ont servi de décors à tant de ses films. La fête foraine installée à l’année à deux pas de l’océan complète le décor, qui a d’ailleurs assez peu changé depuis cette époque.

Au centre de cette intrigue à quatre personnages principaux, qui a souvent des airs de théâtre filmé, Ginny, une mère de famille quadragénaire incarnée par Kate Winslet, pour qui Woody Allen a écrit le rôle. Serveuse dans un « diner », établissement de restauration rapide typique des Etats-Unis des années 40 et 50, Ginny n’a pas renoncé à ses rêves d’actrice, qu’elle fut jadis dans de modestes productions.

Il y a « beaucoup de confusion en elle », a décrit l’actrice britannique durant une intervention lors du festival du film de New York.

Passe par là la jeunesse de Mickey (Justin Timberlake), maître-nageur sauveteur qui la séduit sans difficulté, grâce à son physique avantageux mais surtout à ses aspirations artistiques.

Elle « lâche tout dans l’espoir de quelque chose de nouveau, ailleurs, mais c’est un rêve impossible, inatteignable, intouchable », explique Kate Winslet.

Sa belle-fille, Carolina (Juno Temple), adulée par son mari Humpty (Jim Belushi), va bousculer, involontairement, ses dernières illusions et la faire basculer dans le drame.

Kate Winslet intense

Ce portrait de femme abîmée par ses propres erreurs, qui se débat vainement pour s’extraire de sa condition, est joué avec inspiration par Kate Winslet, dont c’est la première collaboration avec Woody Allen. « L’idée de travailler avec Woody Allen est tellement excitante », dit-elle. « Je le suis depuis que j’ai choisi de devenir actrice. »

En 2005, le réalisateur lui avait proposé le rôle de Nola Rice dans Match Point, qu’elle avait décliné pour se consacrer à son jeune fils, âgé alors de quelques semaines. C’est finalement Scarlett Johansson qui a repris le rôle. « Je savais qu’il était tout à fait possible que ce soit ma seule occasion » de collaborer avec le cinéaste aux quatre Oscars, s’est-elle souvenu lors d’un entretien publié dans le numéro d’octobre du magazine Variety.

Son intensité dans la peau de Ginny tient le film, qui souffre parfois d’un manque de rythme et peine à retranscrire l’urgence dans laquelle se trouvent théoriquement les personnages.

De structure très académique, ce long métrage vaut aussi pour sa forme, servie par la photographie éblouissante de Vittorio Storaro (Apocalypse Now, 1900 ou Dernier Tango à Paris).

La lumière et les couleurs, souvent intenses, sont un élément majeur de Wonder Wheel, jusqu’à matérialiser les rebondissements du récit.

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