Danielle Darrieux, centenaire et éternelle étoile
L’actrice et chanteuse française, qui a notamment brillé chez Jacques Demy ou Max Ophüls, est décédée à son domicile, mardi. Elle laisse une superbe et longue filmographie, dans laquelle nous avons sélectionné dix films cultes.
Huit décennies de septième art. Avec ce chiffre exceptionnel, Danielle Darrieux a traversé le cinéma, telle une étoile, dès les années 1930 jusqu’en 2010, date de son dernier film. Vingt ans avant Brigitte Bardot, elle impose même ses initiales, « DD ». Une carrière extrêmement riche pour cette actrice et chanteuse française, née le 1er mai 1917 à Bordeaux.
Son père est ophtalmologue, sa mère est cantatrice. Son amour pour la musique naît donc dans son enfance, et la jeune femme prend rapidement des cours de violoncelle et de piano. Par l’intermédiaire d’amis de sa mère, elle décroche un rôle dans Le Bal en 1931, à seulement 14 ans. Elle enchaîne avec des rôles d’enfant fantasque, et interprète régulièrement des chansons dans ses films.
1. Mauvaise graine (1933)
En 1933, elle est révélée dans Mauvaise graine de Billy Wilder (qui réalisera plus tard Certains l’aiment chaud), scénariste autrichien fuyant l’Allemagne nazie. Le long métrage est tourné dans les rues de Paris en décors naturels. Elle décrit alors sa carrière naissante en ces mots: « Tourner, tourner beaucoup pour devenir vedette et avoir mon nom en gros sur les affiches. Si je parviens au titre de grande star, cela prouvera que j’ai bien servi le cinéma. »
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Elle continue avec des comédies de son mari Henri Decoin comme J’aime toutes les femmes, et est surnommée « la fiancée de Paris ».
2. Mayerling (1935)
En 1935, elle incarne une comtesse dans Mayerling, qui lui ouvre les portes d’Hollywood. Elle signe alors un contrat de sept ans avec les studios Universal.
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Mais elle s’ennuie rapidement et casse son contrat pour rentrer en France. Danielle Darrieux divorce ensuite d’Henri Decoin en 1941 et se remarie l’année suivante avec Porfirio Rubirosa, soupçonné d’espionnage contre l’Allemagne et interné là-bas. Alors sous contrat avec le studio allemand La Continental, ce dernier l’oblige à tourner deux films en échange d’une garantie que son époux soit bien traité. À la fin de la guerre, elle se remarie pour la troisième et dernière fois avec Georges Mitsinkidès.
3. La Ronde (1951)
Sa carrière prend un tournant majeur en 1951 avec La Ronde de Max Ophüls, dans lequel elle interprète une bourgeoise infidèle et insatisfaite, aux côtés de Simone Signoret. Le réalisateur, un temps exilé en Amérique, fait de Danielle Darrieux son égérie.
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4. L’Affaire Cicéron (1952)
L’actrice continue dans sa lancée et revient aux États-Unis en 1952 pour tourner L’Affaire Cicéron de Joseph Mankiewicz (Cléopâtre) et avec James Mason (La Mort aux trousses). Elle incarne la comtesse Anna Slaviska dans ce film d’espionnage qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. L’un des rôles les plus marquants de sa carrière.
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5. Madame de… (1953)
Après La Ronde puis Le Plaisir en 1951, Danielle Darrieux retrouve Max Ophüls pour Madame de… en 1953, dans lequel elle interprète une prostituée. Au départ film comique et léger, le long métrage sombre rapidement dans le drame et offre à l’actrice un rôle inoubliable. Cette passion amoureuse tragique vaut à Danielle Darrieux d’être comparée à Marlene Dietrich (Shanghaï Express) et Greta Garbo (Anna Karenine).
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Dans les années 1950, elle reçoit trois « Victoire du cinéma » (ancêtres des César) de la meilleure actrice et tourne avec les plus grands acteurs de l’époque, de Jean Gabin à Jeanne Moreau en passant par Louis de Funès, Alain Delon, Michel Piccoli… Elle donne notamment la réplique à Gérard Philippe dans Le Rouge et le Noir (1954) et à Lino Ventura, Serge Reggiani et Bernard Blier dans le huis-clos Marie-Octobre (1959).
6. Landru (1963)
Qui dit années 60 dit naissance de la Nouvelle Vague en France. Elle joue alors devant la caméra de Claude Chabrol pour Landru, qui retrace la vie du tueur en série Henri Désiré Landru. Le criminel séduisait des femmes seules et riches pendant la Première Guerre mondiale, avant de les assassiner froidement dans sa maison de campagne.
7. Les Demoiselles de Rochefort (1966)
L’apothéose de la carrière de Danielle Darrieux, avec le rôle d’Yvonne, la mère des jumelles dans Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy. Un hommage coloré aux comédies musicales d’Hollywood, resté un classique du cinéma français. Elle est alors la seule comédienne du film à ne pas être doublée au chant et à véritablement poser sa voix sur les morceaux. En 1982, elle déclare à propos de Jacques Demy: « Je suis un instrument, il faut savoir jouer de moi, alors on sait en jouer ou on ne sait pas. » Le réalisateur lui répond: « Un instrument oui, mais un Stradivarius ».
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En 1970, elle joue Coco Chanel et chante en anglais à Broadway, dans la comédie musicale Coco. Par la suite, elle continue sa carrière au cinéma, avec Jacques Demy (Une chambre en ville), André Téchiné (Le Lieu du crime), Benoît Jacquot (Corps et biens) et Claude Sautet (Quelques jours avec moi). Elle reçoit un César d’honneur en 1985. En parallèle, le théâtre continue de lui ouvrir ses portes, et elle décroche deux Molière, l’un d’honneur en 1997, l’autre de la meilleure comédienne en 2003 pour Oscar et la dame rose.
8. Huit femmes (2001)
À 85 ans, elle incarne une suspecte pour François Ozon dans le thriller musical Huit femmes, en 2001. Elle chante alors à nouveau sur Il n’y a pas d’amour heureux, un poème d’Aragon mis en musique par Georges Brassens. Dans ce film, elle interprète la mère de Catherine Deneuve pour la troisième fois.
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9. Persepolis (2006)
Sa voix fluette est mise en images par Marjane Satrapi en 2006 dans Persepolis, dans lequel elle double la grand-mère de l’héroïne, pleine de sagesse et d’humour. Cette adaptation de la bande dessinée éponyme, qui raconte l’histoire d’une jeune femme iranienne pendant la Révolution, est un véritable succès. Danielle Darrieux continue ensuite de jouer à la télévision et au cinéma, dans des rôles plus mineurs.
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10. Pièce Montée (2010)
En 2010, à 92 ans, l’actrice dévoile sa toute dernière partition au cinéma dans la comédie Pièce montée de Denys Granier-Deferre. Elle donne la réplique à Jean-Pierre Marielle (qu’elle avait déjà croisé pour Quelques jours avec moi) et reçoit la même année un Globe de cristal d’honneur.
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Centenaire, Danielle Darrieux n’a jamais cessé d’inspirer le monde du cinéma. Preuve en est avec Quentin Tarantino (Kill Bill), qui évoque la comédienne dans son film Inglourious Basterds en 2009, lors d’un dialogue entre deux personnages. Le réalisateur expliquait alors: « Si je parle de Danielle Darrieux [dans le film], c’est en tant qu’icône féminine absolue du cinéma français de l’époque.«
Salammbô Marie
La Cinematek organise depuis le mois de septembre une rétrospective sur la carrière de Danielle Darrieux à Bruxelles, jusqu’au 26 novembre. L’occasion de (re)découvrir ses films cultes. Plus d’informations sur le site de la Cinematek.
Lire aussi : Décès de l’actrice française Danielle Darrieux à l’âge de 100 ans
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