Critique

Critique ciné: The Salvation, western à la danoise

Eric Cantona et Mads Mikkelsen dans The Salvation. © Joe Alblas
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

WESTERN | Kristian Levring signe un western ultra-référencé, évoquant aussi bien John Ford que Sergio Leone. Avec Mads Mikkelsen, parfait en héros laconique.

Un western danois, situé en Oklahoma mais tourné en Afrique du Sud qui plus est, voilà qui ne fait pas très sérieux. Tommy Lee Jones, à qui l’on faisait remarquer que The Homesman n’était pas le seul film du genre sélectionné à Cannes, faillit même s’en étrangler -de rire s’entend. Mais soit, n’étaient sa généalogie et sa géographie improbables, The Salvation respecte incontestablement son cahier des charges. Il est vrai que la mythologie du western, le réalisateur Kristian Levring la connaît, lui qui expliquait sur la Croisette avoir grandi sous le ciel de l’Ouest, pour ainsi dire: « Quand j’étais enfant, au tournant des années 60 et 70, nous n’avions qu’une chaîne de télévision au Danemark. Et le samedi après-midi, elle ne diffusait que des westerns. Ce sont les films qui m’ont valu mes premières émotions de cinéma. Et c’est resté en moi, j’adore ce genre. » Aussi, lorsque des années plus tard, Peter Aalbaek Jensen, le président de Zentropa, lui demande, dans un restaurant de Soho, quel genre de films il apprécie, la réponse fuse-t-elle, le réalisateur lui parlant de son amour pour Ford, Leone et… Kurosawa. « Je ne sais pas s’il avait bu trop de Barolo, mais toujours est-il qu’il m’a encouragé à tourner un western; quelque chose d’assez fou, venant d’un producteur, si l’on considère leurs résultats au box-office ces dernières années. »

Tronches de cinéma

Connaissant ses gammes, le réalisateur s’en est tenu à une trame classique. L’action de The Salvation se situe en 1871, au coeur d’une communauté d’immigrants d’Europe du Nord, venus tenter leur chance dans une contrée hostile. Lorsque l’un d’eux, un pionnier danois (Mads Mikkelsen), abat le meurtrier de sa famille, il déchaîne la colère d’un truand et de son gang. Lâché par les autres colons, il va lui falloir faire face, seul contre tous. Il y a du High Plains Drifter comme du Il était une fois dans l’Ouest là-dessous, références que Kristian Levring est le premier à admettre: « Il en faut quand on fait un film de genre, cela fait partie du plaisir, mais elles ne peuvent pas prendre le dessus sur l’histoire. J’avais envie de jouer avec certains clichés et avec certaines règles du western. Ainsi, venant d’un pays où l’on tourne surtout des drames psychologiques bavards, le laconisme du western m’intéressait. » Ayant travaillé le paysage comme une composante de la narration, Levring a veillé à y inscrire de véritables tronches de cinéma, comme Eric Cantona par exemple –« L’Ouest a été fait par des Européens de toutes origines, et je voulais des acteurs aux background contrastés. Et puis, je suis supporter de Man U (rires). » Si le trait est parfois forcé, l’ensemble ne s’en avère pas moins un fort honnête film de série. Un peu comme du Tarantino qui ne se prendrait pas désespérément au sérieux…

  • DE KRISTIAN LEVRING. AVEC MADS MIKKELSEN, JEFFREY DEAN MORGAN, EVA GREEN. 1H31. SORTIE: 03/09.
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