Critique

Critique ciné: The Boxtrolls, la magie d’une stop motion inspirée

The Boxtrolls © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

ANIMATION | Depuis quelques années, les studios Laika, à Portland, s’emploient à redonner des couleurs à l’animation en stop motion. La preuve avec les Boxtrolls, troisième long métrage maison.

Deux longs métrages, Coraline et ParaNorman, ont suffi à imposer la griffe des studios d’animation Laika, chantres d’une stop motion dispensant son charme, délicieusement terrifiant, dans des univers gothiques dont la noirceur s’écarte des canons de l’animation mainstream. Inspirés du livre Here Be Monsters! d’Alan Snow, The Boxtrolls s’inscrivent sans conteste dans la lignée des productions maison. Son titre, le film d’Anthony Stacchi et Graham Annable, le doit à d’étranges créatures nocturnes peuplant les égoûts de Cheesebridge, bourgade sortie tout droit de l’époque victorienne, et cadre d’une histoire assurément peu banale. Pendant que l’élite locale est surtout occupée à se gaver de… fromages, la population vit, pour sa part, dans la peur des Boxtrolls, monstres des bas-fonds dont l’on dit qu’ils s’égayent dans la ville à la nuit tombée pour détrousser ses habitants et ravir leurs enfants. Du moins est-ce la rumeur colportée par Archibald Snatcher, dératiseur de son état s’étant fait fort de les éliminer afin de s’assurer les faveurs de la haute société… La réalité est tout autre, toutefois. Et dans les cartons recyclés leur servant de carapace, les Boxtrolls se révèlent à vrai dire bien inoffensifs, chapardeurs peureux ayant élevé comme l’un des leurs un enfant orphelin, Eggs. Lequel aura fort à faire pour tenter de contrecarrer les sombres desseins de l’infâme exterminateur…

Evoluant au confluent du récit d’apprentissage et du film d’aventures fantastiques effrénées, The Boxtrolls compensent les limites d’un scénario par trop mécanique par la grâce d’une stop motion inspirée. Il y a là, habitant aussi bien les décors, les expressions que les mouvements de caméra, une maîtrise technique atteignant parfois la magie -voir, par exemple, la plongée dans la grotte où vivent les trolls ou la découverte de sa voûte étoilée, moments de pure poésie parmi d’autres. Echevelé, le récit y trouve de bienvenues bouffées d’émotion, fable aux contours dickensiens qu’infusent encore de solides doses d’humour absurde, histoire, aussi, de ne pas trop effaroucher les plus jeunes spectateurs…

  • D’ANTHONY STACCHI ET GRAHAM ANNABLE. AVEC LES VOIX (VO) DE BEN KINGSLEY, ISAAC HEMPSTEAD WRIGHT, ELLE FANNING. 1H37. SORTIE: 15/10.
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