Critique

Critique ciné: Souvenirs de Marnie, promesse d’une belle relève chez Ghibli

Souvenirs de Marnie © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

ANIMATION | Autour de l’amitié unissant une fillette solitaire à l’étrange Marnie, Hiromasa Yonebayashi signe un mélodrame ondulant gracieusement entre rêve et réalité.

Par un phénomène curieux, les studios Ghibli n’ont jamais paru aussi présents que depuis l’annonce de la probable mise en veilleuse de leurs activités créatives. Quelques mois après Le vent se lève, le testament d’Hayao Miyazaki, bientôt suivi du Conte de la princesse Kaguya, signé par l’autre grand maître nippon, Isao Takahata, voilà donc que sort Souvenirs de Marnie, réalisé par Hiromasa Yonebayashi, figure de proue d’une nouvelle génération de réalisateurs. Yonebayashi n’est du reste pas un inconnu: animateur sur de nombreuses productions maison, il signait, en 2010, le fort réussi Arrietty, le petit monde des chapardeurs, adapté de l’oeuvre de la romancière Mary Norton, et tourné sous la supervision de Miyazaki, dont il est considéré comme l’héritier attitré. Souvenirs de Marnie s’inspire d’un autre classique anglais de la littérature pour enfants, When Marnie Was There, de Joan G. Robinson. Soit l’histoire de Anna, une gamine mal dans sa peau trompant sa solitude par le dessin, que sa mère adoptive décide d’envoyer l’été venu dans un petit village d’Hokkaido afin d’y soigner son asthme. Battant la campagne alentour, la fillette découvre un jour, au beau milieu des marais, une villa abandonnée qui lui semble étrangement familière, et vers laquelle elle se sent irrésistiblement attirée. C’est là qu’elle va faire la connaissance de la mystérieuse Marnie, à qui la liera bientôt une amitié résolument hors-norme…

Entre rêve et réalité

Une douce et trouble émotion baigne la rencontre entre ces deux âmes solitaires, au coeur d’un tendre mélodrame ondulant entre rêve et réalité. Fidèle en cela à la ligne Ghibli, Yonebayashi donne en effet à ce récit pour enfants une coloration subtilement fantastique, Souvenirs de Marnie s’abandonnant élégamment aux méandres de l’imaginaire quand il ne glisse pas dans ceux du temps. Mais si le film semble se déployer dans quelque horizon fantasmatique, il ne perd pour autant rien en acuité, évoquant avec une belle justesse le mal-être et la solitude adolescents, parmi d’autres sujets sensibles. La poésie illuminant l’ensemble se voile alors de mélancolie et même d’une insondable tristesse, au risque parfois d’un excès de sentimentalisme. Le film n’en constitue pas moins un petit moment de grâce, inscrit dans une nature changeante, et porté par une narration et une animation d’une souveraine délicatesse, à défaut de l’audace et de l’originalité propres aux productions des légendaires studios japonais. Qu’à cela ne tienne: sans égaler, déjà, la splendeur des chefs-d’oeuvre des deux grands maîtres précités, il y a là, plus qu’esquissée, la promesse d’une belle relève.

  • DE HIROMASA YONEBAYASHI. AVEC LES VOIX DE SARA TAKATSUKI ET KASUMI ARIMURA. 1H43. SORTIE: 11/02.
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