Critique

[Critique ciné] Sibel, entre fable politique et conte poétique

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Jeune femme muette qui communique par sifflements, Sibel vit avec son père et sa soeur dans un village de montagne isolé en Turquie. Moquée et rejetée par les autres habitants sous le prétexte vaseux qu’elle porterait la poisse, elle s’enfonce dès qu’elle en a l’occasion dans la forêt voisine armée d’un fusil pour y chasser le loup, objet invisible de tous les fantasmes et de toutes les peurs. Là, sa route croise surtout celle d’un fugitif blessé qui pose sur elle un regard nouveau… Troisième long métrage du couple franco-turc Giovanetti-Zencirci (Noor, Ningen), Sibel prend la forme d’un récit d’émancipation féminine inscrit au sein d’une société patriarcale très corsetée où pèse lourdement le poids des traditions et des superstitions. Entre fable politique et conte poétique, le film s’attarde de radieuse façon sur la beauté immémoriale de la nature environnante, dont l’ADN foncièrement indocile se voit idéalement traduit par une caméra portée très mobile. Dans le rôle-titre, Damla Sönmez, incroyable comédienne au visage hyper expressif, rappelle parfois à s’y méprendre Katerina Golubeva, muse suicidée de Sarunas Bartas et de Leos Carax. Un seul sourire venu illuminer son regard triste suffit à faire du final de Sibel une éclatante réussite.

Drame de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti. Avec Damla Sönmez, Emin Gürsoy, Erkan Kolçak Köstendil. 1h35. Sortie: 04/03. ***(*)

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