Critique

[Critique ciné] Première année, très juste tableau de la vie étudiante

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Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Deux étudiants s’allient et se concurrencent dans un film captivant sur la vie en fac de médecine.

Les études de médecine ne sont pas une promenade de santé! Pour Antoine, elles s’assimilent même à un parcours du combattant. Le jeune homme entame sa première année… pour la troisième fois. Plein d’une ferveur intacte, prêt à tous les efforts, lui dont les origines modestes ne constituent pas un facteur favorable. Benjamin, lui, débarque à la fac en mode moins concentré. Certes, il vient d’un milieu privilégié et a un père chirurgien de renom. Mais il réalise très vite les efforts qui lui sont demandés, obligatoires, même, s’il veut réussir. Et le paternel imbu de lui-même n’est pas vraiment encourageant. Devenus camarades puis amis, Antoine et Benjamin vont faire cause commune, s’entraider face aux épreuves qui se multiplient. Une synergie dans le blocus qui se heurtera aux absurdités cruelles du système universitaire, et aux limites que peut avoir l’amitié face au couperet d’une réussite réservée à certains mais refusée aux autres… Thomas Lilti avait entamé lui-même des études de médecine avant de devenir cinéaste. Il les avait même achevées, devenant médecin généraliste tout en réalisant des courts métrages. En 2006, il a sauté le pas, signant avec Les Yeux bandés un premier long prometteur. Voici quatre ans, le second, Hippocrate, l’a révélé pleinement.

Regard critique

[Critique ciné] Première année, très juste tableau de la vie étudiante

Vincent Lacoste était déjà l’acteur principal de ce film explorant sans fard l’univers d’un hôpital sur les pas d’un jeune interne intégrant le service dirigé par son père. William Lebghil lui donne la réplique dans Première année, film conjuguant habilement l’humour et l’âpreté dans son tableau de la vie étudiante en fac de médecine. Leur duo fonctionne idéalement, dans un récit à l’écriture précise, animant une structure scénaristique implacable d’une palette d’émotions y inscrivant la vie, sans effort visible et par la grâce de comédiens jouant juste, très juste même. Bien sûr, le regard est critique. Sur le cadre académique, avec ses raideurs administratives, son exigence d’excellence aussi justifiée qu’ignorante des statuts socio-culturels avantageant certains étudiants et en handicapant d’autres. Mais également sur une nature humaine logiquement concernée en premier par la lutte pour la survie, mais qui ne saurait se résumer à cela quand se développent des relations profondes, méritant la loyauté par-delà les seuls intérêts personnels. Première année réussit la balance du trait satirique (féroce), de l’étude de milieu et de caractères, tout en assurant le spectacle avec un sens aiguisé du suspense et du rebondissement. Thomas Lilti filme à hauteur d’homme, sans effet de style, avec humilité. Il lui manque certes le souffle qui ferait de son cinéma une expérience totale. Mais son nouveau film n’en mérite pas moins l’attention. D’un double cas particulier, il dégage avec naturel un propos riche d’universalité.

De Thomas Lilti. Avec Vincent Lacoste, William Lebghil, Michel Lerousseau. 1h32. Sortie: 12/09. ***(*)

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