[Critique ciné] Moonlight, une révélation
DRAME | Précédé d’une flatteuse réputation, qu’est venu encore rehausser le Golden Globe du meilleur film dramatique, Moonlight retrace l’histoire de Chiron, enfant de Liberty City, cité black violente et pauvre de Miami, sa quête d’identité comme la recherche de sa place dans le monde.
Adapté d’une pièce de théâtre inédite de Tarell Alvin McCraney, le film en a gardé le découpage en trois actes, comme autant d’étapes de la vie, conduisant de l’enfance à l’âge adulte. Soit donc « Little », gamin timide, malmené à l’école et ballotté entre sa mère toxicomane et le foyer que lui offrent à l’occasion Teresa et Juan, son dealer de boyfriend. Un enfant que l’on retrouve à l’adolescence sous les traits de Chiron, s’éveillant à l’homosexualité en compagnie de Kevin tout en étant embarqué malgré lui dans des épisodes violents, avant d’enfin émerger à l’âge adulte sous l’imposante musculature de « Black ».
Huit ans après Medicine for Melancholy, son premier long métrage, Barry Jenkins signe, avec Moonlight, un film allant résolument à rebours des clichés, pour questionner habilement les stéréotypes, raciaux ou sexuels, tout en évitant les lourdeurs du film à thèse. Inscrite dans un contexte social âpre traduit à l’abri du misérabilisme, cette enfance black dispense tout à la fois un sentiment de vérité et une émotion relevée d’une douceur paradoxale. Soit, porté par une distribution épatante, du gamin Alex R. Hibbert au dealer bienveillant Mahershala Ali, et jusqu’à l’excellent André Holland, un parcours intime à la résonance intense, à l’aune des questions qu’il soulève… Une révélation.
DE BARRY JENKINS. AVEC MAHERSHALA ALI, SHARIFF EARP, ANDRÉ HOLLAND. 1H51. SORTIE: 01/02. ****
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