[Critique ciné] Maudie, un film comme l’on n’en voit plus
DRAME | Aisling Walsh signe un drame romantique austère tenant de la pause bienvenue dans la frénésie du monde.
Auteure, en 2003, du remarqué Song for a Raggy Boy, la cinéaste irlandaise Aisling Walsh avait depuis quelque peu disparu des radars, travaillant essentiellement pour la télévision. Maudie, le film consacrant son retour au cinéma, est inspiré de l’histoire vraie de la peintre folklorique canadienne Maud Lewis, un rôle confié à l’excellente Sally Hawkins (Happy-Go-Lucky, Blue Jasmine), avec qui elle avait déjà collaboré pour la mini-série Fingersmith. Maud Lewis, on la découvre la trentaine passée, souffrant de polyarthrite rhumatoïde aiguë, condition ne l’empêchant pas d’esquisser ses motifs naïfs avec ferveur, mais faisant d’elle un fardeau aux yeux de la tante l’ayant recueillie à Digby, Nouvelle-Écosse, à la mort de ses parents. Aspirant à l’indépendance, et après avoir avisé une petite annonce accrochée dans l’épicerie du village, Maud va proposer ses services comme femme de ménage à Everett Lewis (Ethan Hawke), un pêcheur fruste menant une existence d’ermite. Elle est piètre ménagère, il n’est guère porté vers les contacts humains, et c’est peu dire que leur cohabitation s’annonce difficile. Insensiblement pourtant, leur relation va évoluer tandis qu’elle commence à recouvrir les murs de la cabane leur tenant lieu de maison de ses peintures colorées qui, bientôt, attirent l’attention…
Maudie est un film comme l’on n’en voit plus guère, un drame romantique austère tenant de la pause bienvenue dans la frénésie du monde. Inscrit dans les paysages souverains de la Nouvelle-Écosse, intenses au point d’écraser les personnages, le film adopte une ligne sobre et économe, semblant épouser la simplicité même de l’art de Maud Lewis. Pour autant, les sentiments qu’il convoque tout en pudeur sont profonds et puissants. Portée par deux acteurs en parfaite osmose, cette oeuvre de peu de choses en apparence réussit à toucher à l’essentiel, pour laisser une marque discrètement indélébile sur le spectateur…
D’Aisling Walsh. Avec Sally Hawkins, Ethan Hawke, Kari Matchett. 1h55. Sortie: 06/09. ****
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