Critique

Critique ciné: Marie Heurtin, l’enfant sauvage

Marie Heurtin © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Jean-Pierre Améris retrace, dans la France du XIXe siècle, l’histoire de Marie Heurtin, fillette sourde et aveugle sortie de l’obscurité à force de patience par la grâce d’une rencontre. Un film… lumineux.

S’il s’est construit dans une relative discrétion, le parcours de Jean-Pierre Améris n’en est pas moins tout ce qu’il y a de plus estimable, qui l’a vu aligner, depuis Le Bateau de mariage, il y a tout juste 20 ans, des réussites aussi diverses que Les Aveux de l’innocent, Mauvaises fréquentations, C’est la vie ou Les Emotifs anonymes. Venant après L’Homme qui rit, fable sur la différence inspirée de Victor Hugo, Marie Heurtin traduit limpidement la sensibilité toute personnelle du réalisateur lyonnais. Inspiré de faits réels, le film retrace, dans la France de la fin du XIXe siècle, l’histoire de Marie Heurtin, enfant sourde et aveugle, vivant recluse dans son monde. Contre l’avis du médecin, suggérant de la placer dans un asile, son père va la confier aux religieuses de l’Institut de Larnay, près de Poitiers. C’est là que l’une d’elles, soeur Marguerite, va s’armer de patience et tout tenter pour arracher « le petit animal sauvage » à l’obscurité et au silence…

« Aujourd’hui, j’ai rencontré une âme », écrit soeur Marguerite dans son journal, et le film de Jean-Pierre Améris est d’abord celui d’une rencontre, qu’incarnent magnifiquement Isabelle Carré et Ariana Rivoire. Comme souvent chez le cinéaste, la différence est au coeur de son propos, et avec elle son corollaire, l’isolement qu’il s’agira de surmonter. Un parcours retracé ici tout en poignante intensité, tandis que Marguerite imagine une méthode associant un objet et un signe, en un apprentissage du langage tumultueux. On pense à Miracle en Alabama de Arthur Penn, ou à L’Enfant sauvage de François Truffant, influences qu’Améris réussit toutefois à transcender pour signer, à la rencontre de la beauté du monde, un film aussi tendre que lumineux…

  • DE JEAN-PIERRE AMÉRIS. AVEC ARIANA RIVOIRE, ISABELLE CARRÉ, BRIGITTE CATILLON. 1H38. SORTIE: 12/11.
  • À lire dans le Focus du 7 novembre, l’interview de Jean-Pierre Améris, cinéma et surdité…
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