Critique

[Critique ciné] Logan Lucky, plaisir garanti

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

FILM DE CASSE/COMÉDIE | Retour aux affaires pour Steven Soderbergh avec une déclinaison redneck d’Ocean’s Eleven. Plaisir garanti.

Mais qu’a donc soudainement le cinéma hollywoodien avec le folkeux John Denver? En l’espace de quelques mois à peine, Alien: Covenant, Kingsman: The Golden Circle et aujourd’hui Logan Lucky ont tous fait davantage que simplement dépoussiérer le vieux tube Take Me Home, Country Roads de ce chantre seventies de l’Amérique rurale: ils l’ont transformé en véritable ressort dramaturgique. Manière aussi, s’agissant du dernier cité, pour Steven Soderbergh de signifier qu’il rentre au bercail par les chemins de traverse? À la sortie du flamboyant Behind the Candelabra en 2013, le réalisateur de Sex, Lies, and Videotape, The Limey et autre Traffic annonçait en effet sa retraite en tant que cinéaste. Fausse alerte (une de plus…): quatre ans, une série télé sur les origines de la médecine moderne (The Knick) et des tas d’insolites exercices de montage plus tard (il a taillé dans Her à la demande de Spike Jonze mais s’est aussi amusé à un mashup des Psycho d’Hitchcock et de Gus Van Sant ou à des montages alternatifs de 2001 et Heaven’s Gate), il redéboule ainsi avec un long métrage éminemment soderberghien sous le bras.

Ocean’s 7-Eleven

[Critique ciné] Logan Lucky, plaisir garanti

Bien décidés à conjurer la poisse légendaire qui frappe leur famille, deux frères issus de la classe populaire (Channing Tatum en loup solitaire aux idées roots allergique au téléphone portable et Adam Driver en abruti manchot) s’y piquent de tenter le coup du siècle, à savoir orchestrer le braquage du circuit automobile de Charlotte le jour de la plus grosse course de l’année. Pour ce faire, ils ont besoin du meilleur exploseur de coffre-fort du pays (Daniel Craig). Seul hic: il est en prison. Point de départ absurde d’aventures rocambolesques où les frangins rednecks symbolisent sans équivoque possible les laissés-pour-compte d’une Amérique qui gagne -l’un a dû renoncer à sa carrière de footballeur à cause d’une blessure à la jambe, l’autre a perdu son bras en Irak. Ce que résume parfaitement une formule placée en clin d’oeil par Soderbergh lui-même dans le film à propos de leur tentative de casse: un « Ocean’s 7-Eleven« . Histoire de dire que l’Amérique profonde aussi a ses flamboyances.

Film de personnages et de dialogues à la coolitude éprouvée, Logan Lucky et ses acteurs toujours à la limite du cabotinage évoquent également un certain cinéma des frères Coen, condensé fun et rythmé de combines à la mécanique parfaitement huilée -ou presque (« Shit happens« , en effet). Parfois franchement tirée par les cheveux, la chose a surtout le bon goût de ne jamais se prendre au sérieux. Jusque dans son fantasme hollywoodien, et donc un peu paradoxal, de morale à la Robin des Bois.

De Steven Soderbergh. Avec Channing Tatum, Adam Driver, Daniel Craig. 1h59. Sortie: 01/11. ***(*)

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