Critique

[Critique ciné] Le Chant des hommes, juste et profond

Le Chant des hommes, de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME | Une fiction fort et bien documentée, chevillée à un réel dont les échos ne cessent de prendre de l’ampleur à mesure qu’arrivent de nouveaux migrants et demandeurs d’asile.

Une église en ville. A l’intérieur, des sans-papiers qui s’y sont installés, assistés du curé, de quelques bénévoles. A l’extérieur, on parle d’occupation, sans forcément réfléchir à ce que le mot éveille de purement négatif. Ignorés ou presque, craignant d’être expulsés avant d’avoir pu obtenir les documents qui changeraient leur vie, ces hommes et ces femmes ont décidé de faire la grève de la faim… Toute ressemblance avec des événements réellement survenus (par exemple à l’église du Béguinage à Bruxelles) serait bien sûr purement fortuite!

Le film de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez relève de la fiction, qu’on se le dise. Mais d’une fiction fort et bien documentée, chevillée à un réel dont les échos ne cessent de prendre de l’ampleur à mesure qu’arrivent de nouveaux migrants, demandeurs d’asile ou porteurs du simple espoir d’une existence meilleure. La réalisatrice d’Une part du ciel et celle de Du verbe aimer avaient déjà cosigné voici trois ans Sur les braises, un documentaire tourné en Amazonie, sur trois générations d’une même famille en lutte pour la survie. Elles filment encore l’urgence dans Le Chant des hommes, tentative en bonne partie réussie d’offrir à ceux qu’on ne veut point entendre une voix et une image cinématographiques, propres à faire résonner leur cri plus puissamment que dans un reportage, ou même un documentaire qu’aurait guetté le piège d’un certain voyeurisme. Liénard et Jimenez en évitent d’autres, de pièges, notamment celui d’un angélisme que leur conscience féministe écarte heureusement. L’interprétation inégale n’empêche pas leur film de toucher juste, et profond.

DE BÉNÉDICTE LIÉNARD ET MARY JIMENEZ. AVEC ASSAÂD BOUAB, AHMET RIFAT SUNGAR, SAM LOUWYCK. 1H35. SORTIE: 03/02.

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