Critique

Critique ciné: Il Capitale umano, le prix d’une vie

Valeria Bruni-Tedeschi dans Il Capitale umano © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME | Paolo Virzi plonge quelques personnages dans les eaux glacées du calcul égoïste, pour un drame social au tranchant aiguisé.

Une route escarpée, sinueuse, dans le nord de l’Italie. Un puissant 4×4 heurte un cycliste qui bascule dans le fossé. L’automobile continue sa route dans la nuit profonde et glacée de cette veille de Noël… Ainsi s’ouvre Il Capitale umano, par un prologue dramatique auquel tout ramènera ensuite. Car le mystère de cet accident suivi d’un très probable délit de fuite ne sera pas éclairci d’emblée. Il recevra plusieurs éclairages successifs, au gré de chapitres retraçant les mois précédant la tragédie avec un point de vue différent. D’abord celui de Dino, agent immobilier rêvant de quitter la classe moyenne pour entrer dans le cercle de très riches que sa fille fréquente via son petit ami. Ensuite celui de Carla, mère du garçon et femme d’un homme d’affaires qui lui assure une vie de luxe, sinon de respect. Enfin celui de Serena, la fille de Dino, lien malgré elle entre deux mondes dont la rencontre crée l’illusion et une manière de tromperie aux conséquences majeures sur la vie des protagonistes…

La construction précise, la structure élaborée du scénario du film, donnent à Il Capitale umano une éloquence par endroits un peu démonstrative. Mais son impact n’en est pas moins remarquable.

L’argent tout-puissant

Le titre du film de Paolo Virzi fait référence au « capital humain » tel que calculé par les compagnies d’assurances au moment d’indemniser les proches d’un défunt en fonction de données comme son espérance de vie, ses revenus potentiels, ses liens affectifs. Le réalisateur de La Prima cosa bella joue la carte du drame choral et social en la colorant de suspense façon polar. L’argent tout-puissant -par son abondance pour certains comme par son manque pour d’autres- y est dénoncé dans une approche évoquant sur un mode clinique les satires mordantes d’un Dino Risi, d’un Mario Monicelli, ou plus récemment certains essais de Paolo Sorrentino. Mais Virzi adopte une position critique d’une singulière amertume, où l’humour -même très noir- cède la place à un désespérant constat. La crise économique intervenant dans un récit qui se veut des plus actuels, et qui suscita une controverse lors de sa sortie, du fait d’habitants de la région de la Brianza contestant l’image de zone hautement privilégiée que le film évoque.

Très librement adapté du roman Human Capital de l’Américain Stephen Amidon, Il Capitale umano a l’atout d’une interprétation de choix, donnant de l’épaisseur à des personnages qui en deviennent moins emblématiques.

  • DE PAOLO VIRZI. AVEC VALERIA BRUNI-TEDESCHI, FABRIZIO BENTIVOGLIO, VALERIA GOLINO. 1H50. SORTIE: 21/01.
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