[Critique ciné] Grave, iconoclasme sans concession
HORREUR | Le premier essai réussi de Julia Ducournau est tantôt un film d’horreur gore, tantôt un drame identitaire à l’esthétique soignée.
Dans la famille de la timide Justine, tout le monde est végétarien. Et c’est une identité à laquelle on tient. Mais lorsque la jeune fille intègre une école vétérinaire, la pression des bizutages -et de sa grande soeur- vont la pousser à briser ce tabou. Petit à petit, cette transgression réveille en elle une faim de chair inextinguible… Difficile de résumer plus avant ce récit d’apprentissage sans gâcher le plaisir de ses rebondissements, mais quelle bonne idée a eu la réalisatrice Julia Ducournau d’utiliser le prisme pour le moins inhabituel du cannibalisme pour traiter du sujet éculé de la pression sociale! Grave est tantôt un film d’horreur gore, tantôt un drame identitaire à l’esthétique soignée. Et, sur le fond comme sur la forme, il offre le meilleur de ces deux mondes. Tenue de bout en bout, son atmosphère pesante et malsaine vous collera à la peau longtemps après la projection. Il faut en remercier le jeune casting bien sûr, avec en tête l’impressionnante Garance Marillier, mais aussi l’apparition plus courte du toujours délicieusement ambigu Laurent Lucas (Harry un ami qui vous veut du bien, Alléluia) et surtout la magnifique photographie de notre compatriote Ruben Impens (The Broken Circle Breakdown) qui transforme le décor de l’université de Liège au Sart Tilman en véritable stalag! Le troisième acte pourra en dérouter certains, mais impossible de reprocher à la réalisatrice son iconoclasme sans concession et sa capacité à frapper là où on ne l’attend pas.
DE JULIA DUCOURNAU. AVEC GARANCE MARILLIER, ELLA RUMPF, LAURENT LUCAS. 1H39. SORTIE: 15/03. ***
>> Lire également notre interview de Julia Ducournau et notre panorama du cinéma d’horreur français.
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