Cannes: Mr. Turner de Mike Leigh, loin du biopic classique
Le film du jour (2). Un biopic chasse l’autre sur les écrans cannois où, après l’affligeant Grace de Monaco, d’Olivier Dahan, le Mr. Turner, de Mike Leigh, s’est chargé de sensiblement relever le niveau.
Palme d’or en 1996 pour Secrets and Lies, le cinéaste britannique y retrace les 25 dernières années de l’existence du peintre J.M.W. Turner (1775-1851). Lequel se dévoile, devant sa caméra, dans toute sa complexité, individu revêche et bourru en première instance (un trait accentué par l’excellent Timothy Spall, qui s’exprime, pour l’essentiel par grognements), mais un homme dont le profil se dérobe, pour révéler une sensibilité unique, miraculeusement exprimée dans ses toiles.
À son image, le film procède par contrastes, balançant entre extérieurs magiques – magnifiés par l’extraordinaire photographie de Dick Pope – et intérieurs ingrats, entre l’être intime et la personne publique, entre l’appel de la lumière, au coeur des paysages et marines de Turner, et la misanthropie apparente de l’individu, tout entier accaparé par son art. Autant dire que l’on est loin ici des canons du biopic classique, Mike Leigh poursuivant avec un soin maniaque une exploration de l’acte créatif entamée en son temps avec Topsy Turvy. Et livrant un film fascinant, jusque dans son aridité même…
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