Brussels Film Festival: en avant la musique

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Le Brussels Film Festival fête ses 10 ans. Et déroule pour l’occasion un menu cinéphile à visage résolument musical. Demandez le programme.

« Le festival de Bruxelles est réellement né en 1974, je pense. Il y a même eu une première édition en 1946 ou 1948. Enfin, il y a eu différentes versions. Mais ça fait 10 ans qu’il est basé à Flagey. On a remis les compteurs à zéro à ce moment-là, quand le producteur Dominique Janne l’a repris. Son idée, c’était d’organiser un événement un peu à l’image de Sundance, c’est-à-dire avec uniquement des premiers films, mais européens pour le coup. J’ai repris à mon tour le festival il y a 3 ans. On l’a ouvert à tous les films européens, plus seulement des premiers films parce que c’était trop restrictif pour un festival bruxellois. Du côté des avant-premières, il y a même des longs métrages internationaux désormais. Mais on tenait tout de même à conserver une compétition récompensant le meilleur premier film européen, pour continuer à révéler de nouveaux talents. »

Au téléphone, depuis son hôtel cannois, Ivan Corbisier, directeur du Brussels Film Festival, dessine les grandes lignes d’une édition qui s’annonce un chouïa singulière. Un vrai-faux anniversaire, donc, qui se célébrera notamment en musique puisque dès le deuxième soir, le 9 juin, l’événement soufflera ses dix bougies à Flagey en compagnie des Chromatics, Américains dont l’italo disco romantico-glacé, entendu notamment sur la BO de Drive, se déclinera en coups de reins forcément lascifs le temps d’un live ponctué par les DJ sets du libertin Carl Barât et du poète-écrivain-slameur-rockeur Saul Williams. Excusez du peu. Grosse bamboula « place to be » en vue du côté d’Ixelles donc, en prélude de laquelle il sera en outre possible de découvrir To Rome With Love, le nouveau Woody Allen, en avant-première, ainsi qu’un documentaire inédit consacré aux ravageurs (ravagés?) Libertines. Ou encore Shut Up And Play The Hits, un autre docu, s’intéressant celui-là à l’ultime concert de feu LCD Soundsystem et se doublant d’un portrait intime de sa tête pensante James Murphy. Le tout (films + soirée) pour dix euros. C’est cadeau.

Docs en stock

La cuite surmontée, musique et cinéma convoleront ainsi en justes noces durant toute la durée de la manifestation, au gré de ciné-concerts, rencontres professionnelles et autres master class -comme celle dispensée par Jean-Michel Bernard, compositeur attitré de Michel Gondry et responsable de la BO du récent Hugo Cabret. Mais aussi et surtout d’une toute nouvelle section à l’éloquent intitulé, Music Docs, qui s’annonce rien moins que passionnante avec des films consacrés à Lil Wayne, à Joy, le groupe de l’ex-Venus Marc Huyghens, ou encore au cultissime label Creation d’Alan McGee (Ride, My Bloody Valentine, Slowdive…). Sans même parler de Vinylmania (lire dans le Focus du 1er juin). « On a commencé à organiser des rencontres musique et cinéma l’an passé parce qu’on a fait le concert des Tindersticks sur les images des films de Claire Denis au Bozar. On voulait développer davantage cet aspect-là: il y avait là en effet comme une évidence pour mon assistant Marc Jacobs et moi-même, qui sommes tous deux musiciens. Et puis voilà, des opportunités concrètes se sont présentées, comme la venue de Carl Barât pour le docu sur les Libertines mais aussi la soirée. Si ça fonctionne, ça pourrait devenir l’une de nos marques de fabrique. Contrairement au festival du film de Gand, qui fait de la venue de compositeurs l’un de ses chevaux de bataille depuis longtemps déjà, ce sont plutôt les musiques nouvelles qui nous intéressent, des groupes qui travaillent à l’occasion pour le cinéma. Comme Air chez Sofia Coppola ou Bony King of Nowhere chez Bouli Lanners. »

Gageons que la vinaigrette rock relèvera idéalement le menu cinéphile servi à Flagey. Pour un festival qui n’en conserve pas moins cette année encore plus d’une carte à jouer dans sa manche avec, notamment et pêle-mêle, l’avant-première de Trishna, le très attendu nouveau Michael Winterbottom, des focus consacrés à la Pologne, l’Espagne ou l’Italie, une sélection de courts, du belge, un jury présidé par Peter Greenaway, les venues de Jean-Paul Rouve, du scénariste de Jacques Audiard ou du producteur de Lars von Trier, ainsi que quelques séances en plein air que les geignardises du voisinage n’ont pas (encore) réussi à éradiquer. Une toile sous les étoiles?

Nicolas Clément

Brussels Film Festival, du 08 au 16/06, à Flagey (et Bozar).
www.brff.be

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