Critique

Behind the Candelabra (Ma vie avec Liberace), show devant

Behind the Candelabra - Michael Douglas © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

BIOPIC | Michael Douglas brille de mille feux dans cette réjouissante love story seventies signée Steven Soderbergh.

A l’origine, il y a d’abord ce scénario tutoyant l’excellence de Richard LaGravenese, inspiré du livre de Scott Thorson, et ses dialogues hallucinés, au service d’un personnage résolument bigger than life: le grand, le beau, le tyrannique Liberace, performeur virtuose de music-hall, roi pétulant du showbiz du début des années 50 au début des années 80. Une figure haute en couleurs, pour le moins, et pourtant quelque peu oubliée, aujourd’hui exhumée par Steven Soderbergh. Si ce dernier prend visiblement plaisir à filmer les dorures insensées, les breloques bling-bling, les moumoutes over the top et autres habits de lumière gavés de plumes d’autruche, sa mise en scène apparaît pourtant le plus souvent étrangement neutre. C’est qu’il ambitionne de plonger dans l’envers du décor, dans les coulisses certes fastueuses mais tristement esseulantes du show pailleté. Ce que suggère le titre même du film: BEHIND the Candelabra. Déjouant les pièges du biopic classique en se concentrant sur la fin de parcours du flamboyant personnage (Michael Douglas, jubilatoire et félin) et en adoptant le point de vue exclusif de Scott, son jeune amant (Matt Damon, méconnaissable en baby boy ingénu et joufflu), Soderbergh entend aussi, et avant tout, prendre le pouls de la passion amoureuse unissant les deux mâles: son appétit cannibale, ses dérives narcissiques, son inévitable déclin… Doublé d’une parabole douce-amère sur un certain entertainment à l’américaine, c’est enfin le portrait sans fard de Liberace, comète humaine dont le désir, inextinguible, de transcender la trivialité de l’existence dans une explosion de strass et de démesure se mue en leitmotiv. Lequel fait également office de morale ironique de ce Behind the Candelabra: « L’excès en tout est une chose merveilleuse. » Soit l’ultime pirouette d’un Steven Soderbergh aujourd’hui résolu à prendre sa retraite en tant que cinéaste. Qu’à cela ne tienne, son dernier film aussi est une chose merveilleuse.

  • BIOPIC DE STEVEN SODERBERGH. AVEC MICHAEL DOUGLAS, MATT DAMON. 1H58. SORTIE: 30/10.
  • Dans le Focus de cette semaine (n°43), l’interview de Michael Douglas.
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