Vincent Solheid au Musée d’Ixelles: entre transgression et sacralisation

© Vincent Solheid
Stagiaire Le Vif

Jusqu’au 26 mai, le Musée d’Ixelles accueille la première exposition individuelle de Vincent Solheid. Confessions publiques retrace l’univers atypique de cet artiste complet qui conjugue la peinture, le dessin, la gravure, la sculpture ou encore les collages autour des thèmes de la religion et du carnaval.

L’exposition s’ouvre avec un char: Le char relique. Cette grande structure de plusieurs mètres de long prend l’allure d’un char de carnaval, mais en y prêtant attention, on découvre les vestiges d’un ancien confessionnal d’église. L’artiste explique que l’oeuvre est le résultat d’un assemblage d’objets disparates, d’époques différentes. Il fait référence à un vrai char, « le char maudit » qui aurait défilé en 1759 entre les abbayes de Stavelot et Malmedy, lors de la procession de carnaval. Vincent Solheid: « Mon exposition s’intitule Confessions publiques car je remets à jour cette légende et je pose la question de l’existence d’un personnage historique, un moine festif, qui aurait été l’instigateur de cette procession. » L’artiste précise qu’à l’époque, le carnaval n’était pas un évènement familial comme il l’est de nos jours. « C’était un évènement beaucoup plus passionné et fou, une orgie en somme. » Vincent Solheid aime la provocation. Les contrastes, les frontières entre le vrai et le faux, le réel et l’imaginaire sont au centre de ses oeuvres. Le confessionnal du Char relique arbore un graffiti doré au premier plan. Dans une des parois, on découvre l’affiche d’une pin-up en maillot de bain, délavée par le temps. A l’arrière, une série d’objets abracadabrants: poupées barbies décapitées, chimères et animaux en tout genre… le tout recouvert d’une bonne couche de poussière et de confettis. La structure est surplombée de deux ailes qui ne manquent pas de lui donner un air de diable.

Le char relique est en quelque sorte l’apothéose de l’oeuvre de Vincent Solheid. L’artiste pivote constamment autour du thème de la religion et des croyances. A quelques pas du char, on découvre une procession en miniature, composée de centaines de petites figurines d’animaux, de soldats, de voitures ou encore de robots. Un parachutiste accroché au plafond semble lui aussi vouloir se joindre au joyeux cortège. En constante transgression, Vincent Solheid s’est même amusé à remodeler des statuettes religieuses dénichées en brocante. On découvre ainsi la vierge Marie berçant un bébé dont la tête ressemble étrangement à celle d’un crocodile, ou encore Jésus qui fait du trapèze avec une robe de Barbie.

« Jésus était un chouette gars »

On a vite fait de remarquer que le Christ est présent dans la grande majorité des oeuvres exposées. L’artiste voue une grande admiration envers le personnage: « Jésus devait être un très chouette gars! Il parlait constamment d’amour autour de lui, il était ami avec les prostituées et des personnes en tout genre. » Le dogme ne l’intéresse pas, il préfère se concentrer uniquement sur certaines facettes de la religion. Dans sa série de photogravures intitulée Passion, Vincent Solheid représente les derniers instants de Jésus, de sa condamnation à sa crucifixion. L’artiste a rajouté à ces scènes bibliques, quelques retouches en acrylique rose fluo qui illustrent pas à pas la transformation de Jésus en un grand bonhomme fluo au visage en forme de smiley. Vincent Solheid n’a pas froid aux yeux et cela s’illustre également avec son oeuvre Les premiers seront les derniers. On y découvre un Jésus-cycliste à la tête d’une course de vélo composée de dizaines de figurines de cyclistes en plastique. C’est cette oeuvre qui lui a valu le prix du public lors de l’exposition POP-UP de 2012 et qui lui offre la possibilité d’exposer aujourd’hui ses oeuvres au musée.

Les oeuvres de Vincent Solheid pivotent perpétuellement autour de la figure du Christ et de l’esprit carnavalesque, deux concepts qui n’en font qu’un seul, selon lui. « Jésus à plein de visages différents. On l’a vu illustré et représenté des centaines de fois. Comme au carnaval, on se demande qui est derrière ce masque, qui se cache derrière le visage de Jésus? » L’artiste prépare actuellement la sortie de son premier long métrage Le Grand’Tour. L’exposition Confessions publiques se déroule au Musée d’Ixelles jusqu’au 26 mai prochain.

Alba Salto (Stg)

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