Stephan Balleux expose « La peinture et son double » au Musée d’Ixelles

Stephan Balleux au Musée d'Ixelles, 2014 © Georges Strens
Trân Thi-Tiên
Trân Thi-Tiên Stagiaire

Du 26 juin au 15 septembre, le Musée d’Ixelles accueille une exposition inédite de Stephan Balleux. L’artiste belge explore les limites de la perception du réel tout en offrant une expérience esthétique singulière à partir de la peinture, son médium de prédilection, qu’il dévie vers d’autres supports comme le dessin, la sculpture et le multimédia.

Stephan Balleux est fasciné par l’image. L’image comme énigme, qui demeure « l’une des formes les plus fondamentales de l’être humain ». Pour l’artiste, elle est un « champ de recherche et d’action » par lequel s’installe une dialectique entre représentation et réel. C’est dans la peinture que Stephan Balleux trouve le médium idéal pour explorer les possibilités de l’image en tant qu’interprétation du tangible, véritable langage qui se substitue au verbe. Néanmoins, ses recherches picturales peuvent revêtir plusieurs formes. L’artiste est un touche à tout et n’hésite pas à manipuler d’autres médiums qu’il confronte à la peinture. L’exposition présente donc également des dessins, des sculptures ainsi que des oeuvres multimédias.

Stephan Balleux: Hold Everything Dear #5, 2007; Beauty is the Beast, 2007; The Portrait (détail), 2007
Stephan Balleux: Hold Everything Dear #5, 2007; Beauty is the Beast, 2007; The Portrait (détail), 2007© Courtesy Stephan Balleux/photo Kurt Deruyter, Bruxelles 2014

Le titre de l’exposition, La peinture et son double, est une référence aux ouvrages du philosophe français Clément Rosset, Le réel et son double, et du théoricien Antonin Artaud, Le théâtre et son double. Les deux auteurs envisagent le double comme une réflexion sur le réel et sa perception. Pour Balleux, il s’agit d’« une des manifestations possibles de la peinture » en ce sens que celle-ci est une hypothèse du réel, et le double, une création pure. Dès lors, comment distinguer le vrai du faux, le réel du phantasme? L’ambiguïté est une part constitutive de l’univers esthétique de Stephan Balleux, sorte d’illusion visuelle qui démonte tour à tour nos certitudes en convoquant l’étrange dans le quotidien et bouleverse ainsi notre perception du tangible. Car, le sentiment de trouble est d’autant plus intense qu’il émane d’un environnement familier: une chambre d’hôtel dans laquelle un animal fantastique se dresse sur le lit (Hold Everything Dear #5, 2010), La Belle et la Bête devient La Belle est la Bête (Beauty is the Beast, 2007), un portrait n’est qu’une masse informe de matière picturale (The Portrait, 2007)…

Ce magma de peinture constitue la signature de l’artiste. Motif récurrent dans les oeuvres en présence à l’exposition, Balleux l’appelle le « blob », en référence au film d’horreur éponyme de 1958 avec Steve McQueen, dans lequel une substance visqueuse d’origine extraterrestre dévore les habitants d’un village aux États-Unis. Une analogie étrange, certes, mais totalement assumée, car la défiguration est le moyen par lequel l’artiste entend semer le doute et la stupeur chez le spectateur. Son « blob » devient dès lors un personnage à part entière (Franky, 2007), tantôt objet de défiguration (The Wanderlust Appreciation Society, 2009), tantôt véritable double difforme (Sui Generis, 2010).

La peinture et son double de Stephan Balleux est une exposition inédite à ne pas manquer au Musée d’Ixelles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content