Le K.A.T. montre que le graffiti est un A.R.T.

Graffiti le long de Tertzweillaan, par Farm Prod., Topo et Bué the Warrior © Ferdinand Feys
Sophie Deprez Stagiaire

Cet été, le Kosmopolite Art Tour investira Bruxelles, Louvain-la-Neuve et Alost pour permettre à des dizaines de graffeurs et street artists de réaliser d’immenses fresques murales. Le partage et l’échange sont au rendez-vous pour mettre en lumière une discipline parfois méconnue.

Nouveau look pour les murs de la ville. Le Kosmopolite Art Tour envoie son escadron d’artistes à l’attaque des murs lépreux qui enlaidissent l’espace urbain. Au total, 5000 m² de fresques murales collectives fleuriront entre juillet et septembre dans trois villes réparties sur le territoire belge.

Kosmopolite Art Tour
Kosmopolite Art Tour© Kmeron

L’objectif de cette édition 2015 (gratuite) est de créer un véritable trait d’union entre les trois régions, avec comme armes des bombes de couleur. « Utopie! », diront les plus sceptiques de l’utilité publique du street art. « Tout à fait! », répondront les organisateurs du Kosmopolite Art Tour, un festival qui a presque inventé le concept de trait d’union, lui qui est né de la rencontre heureuse du collectif parisien MACrew, du collectif amstellodamois Aerosol Bridge Club et du collectif bruxellois Farm Prod.

L’utopie est bien le thème qui guidera la main des artistes au travers de leurs collaborations auto-inspirantes. Chaque espace mural se laissera refaire le portrait par des graffeurs belges et internationaux pour offrir au final leur vision du fil rouge de cette année, choisi par les organisateurs (cette année, le collectif Farm Prod organise le K.A.T. avec l’ASBL Chez Zelle) pour son rapport avec la Belgique elle-même.

Se rencontrer. Tel est l’objectif premier du K.A.T. Des rencontres entre artistes confirmés, old school ou en devenir, entre nationalités et entre générations d’artistes aussi, devraient permettre à tout ce petit monde d’échanger sur une discipline qui commence à brandir haut son calicot imprimé du mot « art ». C’est aussi la rencontre entre le public et ce petit milieu heureux mais caché que les gens n’ont pas l’habitude de rencontrer: les graffeurs et street artists.

L’objectif secondaire – mais pas tant que ça – est artistique, celui-là: le festival donne aux lettreurs invétérés la possibilité de réaliser des fresques murales sur de grandes et nombreuses surfaces mises à disposition. L’aubaine, pour ces artistes qui n’ont pas l’habitude de se voir offrir autant d’espace d’expression, qui plus est dans des endroits aussi élogieux et intéressants que ceux mis à leur disposition à Bruxelles, Louvain-La-Neuve et Alost.

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Dans la capitale, les organisateurs de l’événement ont choisi d’exposer exclusivement des artistes-graffeurs belges. Ils sont conscients que le festival de street art est un concept en plein boom, dont l’effet de mode néglige souvent les scènes locales. Ce volet bruxellois est exactement ce que Guillaume Desmarets, membre du collectif Farm Prod, considère comme le lieu de rencontre et de mélange par excellence. « On a l’avantage d’avoir une édition qui est vraiment centrée sur la scène locale. On a des « stars », des gens connus, mais il y a aussi certains qui le sont moins. Le panel qu’on présente est assez large, justement dans cet objectif de rencontre et de mélange des genres et des gens. »

Kosmopolite Art Tour
Kosmopolite Art Tour© Kmeron

Se prêtant mieux aux artistes étrangers selon les organisateurs, Louvain-la-Neuve accueillera une scène internationale. Là encore, les horizons divers entreront en collision pour faire jaillir formes et couleurs avec des street artists prestigieux ou en devenir.

Au panthéon du doux mélange, Alost ouvrira grand ses murs à une vingtaine d’artistes locaux et internationaux, pour pulvériser leur créativité sur plus de 1500 m² de fresques murales.

Un mur pour tous, tous pour un mur

Alors que le milieu du street art invite souvent un seul artiste à s’exprimer sur « son » mur, les organisateurs du K.A.T. ont voulu insister sur la notion de partage et de collaboration, en attribuant un seul mur à plusieurs artistes avec l’espoir non dissimulé que des personnalités mises ensemble donnent un résultat plus intéressant que dans le cas du chacun pour soi artistique.

Interrogé (un peu malgré lui) sur cette mise en valeur en tant que street artist, Djamel Oulkadi estime que cette visibilité est un juste retour des choses. « C’est un petit coup de pub. Certains street artists vont pouvoir présenter leur boulot sans pour autant être sous les feux des projecteurs. Parce qu’au départ, un graffeur, ça refuse les projecteurs, les caméras, les interviews. Ce qui est bien, c’est que ça va nous permettre de rencontrer d’autres gens, d’échanger beaucoup plus. Mais surtout, d’avoir fait partie de cette petite histoire du graffiti belge. »

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D’autres activités en lien avec la discipline du street art seront aussi présentées au public pendant le Kosmopolite Art Tour. Si certaines s’insèrent un peu trop bien dans les idées préconçues qui orbitent autour du graff (spectacles de skateboard, battle de break dance, DJ sets de musique hip hop), d’autres offrent l’occasion d’en déconstruire les préjugés: visites guidées à travers la ville pour découvrir la face cachée du street art et du graffiti, projections de documentaires pour mettre en lumière cette discipline de l’ombre, initiation à la peinture aérosol… Il faut se méfier du graffeur qui dort. Le K.A.T. pourrait réveiller sa créativité.

Le Kosmopolite Art Tour, du 2 au 10 juillet à Bruxelles sur le site de Bruxelles les Bains. Du 31 juillet au 7 août dans tout le site de Louvain-la-Neuve et du 18 au 20 septembre dans toute la ville d’Alost.

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