L’oeuvre de la semaine: Moi et lui…

© Eric Kengen
Guy Gilsoul Journaliste

Oui, c’est bien moi, Eric Kengen, que vous voyez là tenant au bout du bras ce serpent qui menace, les yeux vifs, l’allure combative. Je le tiens à distance mais je le sens, ce serpent-là que j’avais cru demeurer au paradis sous un pommier, m’a retrouvé. Il me suit, me harcèle, me hante jour et nuit. Il est mon âme, mon jardin défendu et ou mon démon gardien.

On n’échappe pas à soi-même. Ainsi pourrait peut-être s’exprimer ce peintre belge solitaire qui, après quelques années d’absence, revient aux cimaises bruxelloises avec ces mêmes autoportraits à la tête cubique et monumentale posée sur un corps raide et maladroit. La figure est rarement seule et le plus souvent accompagnée par un double qu’elle porte dans les bras ou emmène avec elle sur des embarcations de fortune qui ne craignent ni la houle ni le miroir glacé des étangs sombres. L’homme vit loin des villes, face à un cimetière et une église, dans un ancien espace industriel rempli à ras bords de tout ce qu’il peut ramener de ses errances dans la nature et les marchés aux puces. Et c’est parmi cet univers hétéroclite qu’il met de l’ordre dans ses pensées et, patiemment, compose ces univers emmurés ou emportés dans lesquels, sans cri ni sourire, officie indéfiniment le même héros au crâne chauve. Dans l’exposition on découvre aussi comment Kengen métamorphose ses trésors de brocante et de nature en arbre de vie ou en arche de Noé. Une foule y prend pace, des jouets soldats et des statuettes de cheminées, des écorces, des coquillages, des animaux, des masques et des figures, la sienne une fois encore… et cette autre, toujours qui le suit comme son ombre…

Bruxelles, Galerie 2016 & Mira. 16 rue des Pierres (1000). Jusqu’au 21 mars. Du Je au Di de 14 à 18h30. www.galerie2016-mira.be

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