L’oeuvre de la semaine: L’homme au chapeau

L'homme au chapeau, d'Eduardo Arroyo. © DR
Guy Gilsoul Journaliste

Qui se cache sous ce chapeau ? Si, dans l’exposition, les visages sont nombreux et relèvent parfois du portrait, celui-ci participe à un thème plus général et récurrent dans l’oeuvre de l’Espagnol Eduardo Arroyo.

À part son anonymat, ce personnage n’a rien de commun avec l’homme au chapeau boule de René Magritte. Il possède une histoire et renvoie à une expérience vécue par le peintre qui, avant de rejoindre le clan des créateurs, s’était engagé comme journaliste dans l’Espagne de Franco. Il fût donc mis sous surveillance comme tant d’autres démocrates et apprit à se méfier des agents de la police secrète qui, en costume de ville et chapeauté, constituaient un danger quotidien.

C’est aussi cette expérience qui le poussa à quitter son pays et rejoindre Paris où il vécut jusqu’à la mort du dictateur. Aujourd’hui, dans les environs de Madrid, âgé de 75 ans, il poursuit son oeuvre tout en revenant donc parfois sur les fantômes du passé. Mais alors qu’hier, il en délimitait les formes par de larges à-plats colorés et soulignait l’ombre qui sous les bords du chapeau, offrait un masque noir au regard, il privilégie aujourd’hui le plaisir du peintre par un procédé de collage à partir de fragments de peintures antérieures. Ce faisant, le visage, mangé par les touches de couleurs, les contrastes de lumières et les rencontres de formes, rejoint une esthétique ancrée dans la tradition picturale espagnole qui, de Velasquez et Goya à Miro et Picasso a toujours trempé l’art dans celui d’une certaine tauromachie.

Bruxelles, Le Salon d’art et de coiffure. Rue de l’Hôtel des monnaies, 81. Jusqu’au 9 mai. Du Ma au Ve de 14 à 18h30 ; Sa de 9h30 à 12h et de 14h à 18h. www.lesalondart.be

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