L’oeuvre de la semaine: Éloge de la catastrophe

Timeline, 2015 © Duncan Wylie
Guy Gilsoul Journaliste

Si Duncan Wylie (°1975) est bien né au Zimbabwé, il n’appartient pas à la communauté noire africaine et vit depuis de longues années entre Londres et Paris.

Son univers ne croise pas, à la différence de ceux de Barthelémy Toguo avec lequel il partage les cimaises à Bruxelles, ni l’imaginaire traditionnel habité par la magie ni le sens politique.

Ce Blanc d’Afrique se veut d’abord peintre, préoccupé en premier par la plasticité de ses compositions. Dans la démarche esthétique, il chemine dans les traces d’un Picasso (construire-détruire-construire). Mais, à la différence du même parti-pris qui détermine aussi la pratique de Francis Bacon, ce n’est pas le corps humain qui en est le sujet, mais le concept de catastrophe puisque Ducan Wylie prend appui sur des photographies d’accidents et de violences militaires puisées dans l’actualité politique.

On songe au philosophe Paul Virilio qui dénonçait voici quelques années cette addiction sociale à la catastrophe alimentée par les médias et les divers pouvoirs et que la nature s’emploie désormais à enrichir encore.

Au départ donc, une image sur laquelle se greffe une autre et qui, peu à peu, à partir de grands gestes picturaux aux allures d’esquisses, disparaît au profit de la seule rythmique « catastrophe » de la monumentale composition poussée comme ici en diptyque.

À ce jeu de déconstruction-construction, le peintre se fait aussi coloriste, s’employant à exacerber les lignes de force par des contrastes de teintes crues souvent, grinçantes toujours.

Hangar 18, 18 Place du Châtelain. Jusqu’au 20 octobre Du mardi au samedi, de 12h à 18h. www.hangar.art

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content