En images: Les vacances, côté cauchemar
Les vacances, pour le meilleur (parfois) et pour le pire (souvent). Le meilleur, on connaît, il suffit d’ouvrir un catalogue du Club Med: des plages désertes, des destinations exotiques, du soleil en coulée continue, des corps triés sur le volet, des employés dociles aux petits soins. Bref, le bonheur formaté sur ordonnance avec un indice de véracité ne dépassant toutefois pas les 15%… Le pire, on connaît aussi, pas dans les dépliants, dans la vraie vie. Ce sont les attrape-nigauds, les côtes noyées sous le béton, les hordes bêlantes de touristes, la promiscuité parfumée à l’huile de coco, la bêtise méprisante en combi short-sandales, la laideur en quadrichromie. Un envers de la carte postale aussi éloigné des rives paradisiaques du grand splash vendu par les tours-opérateurs que peut l’être l’Australie de l’Islande. Moins glam mais nettement plus réaliste. Et tellement plus instructif sur les petits et grands travers de l’espèce humaine.
En fouillant dans les archives de la célèbre agence Magnum, nous avons sélectionné huit images -pour six photographes, l’Anglais Martin Parr, spécialiste incontesté et hautement corrosif de l’homo touristicus, ayant légitimement droit à une plus grosse part du gâteau- qui jettent un regard décalé, au naturel, sur ce moment de détente tant convoité. On est loin du discours décoratif et polarisant d’Instagram. Entre tendresse, ironie, ridicule (assumé) et commerce sordide, ces clichés à tiroirs font tantôt sourire, tantôt grincer des dents. Les acteurs anonymes y rejouent sans le savoir une tranche juteuse de comédie humaine, comme amplifiée par le déracinement. A croire que l’esprit grégaire, l’indécence et la beaufitude se dilatent sous l’effet de la chaleur. Bon voyage!
Laurent Raphaël
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