En images: le Covid est dans la rue

Comme en témoigne cette grande fresque anonyme d'un bâtiment de Varsovie, les personnels soignants sont devenus les super-héros des artistes urbains. © REUTERS
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Aux quatre coins du monde, le street art s’est mobilisé contre la pandémie. Au bout des spray cans? Essentiellement, un appel à la responsabilité de chacun envers tous.

Beaucoup les voient comme des adolescents sans foi ni loi. On les dit au mieux « désoeuvrés« , au pire des « artistes ratés« , voire des « attardés n’ayant jamais dépassé le stade anal« . On connaît le refrain rarement tendre à l’égard des as de la bombe aérosol. Eux, ils s’en moquent, trop occupés à lutter contre la privatisation galopante de l’espace public par la publicité et le slogan productiviste. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, on gagnerait à regarder de près les prises de position murales des artistes urbains. Loin d’un appel au grand renversement ou à la dénonciation d’un complot généralisé, le street art s’est affirmé responsable et inscrit dans la lignée du « care« , ce concept qui invite plasticiens et membres de la société civile à prendre soin des autres. En témoignent de nombreuses représentations qui resteront gravées dans l’imaginaire collectif: une madone renaissante au visage dissimulé par un masque à gaz, dont la main droite pointe une poitrine cachée par une cellule de virus corona; un homme et une femme ôtant leurs masques pour s’embrasser; les Simpson en rang d’oignons dans leur canapé avec le hasthag #stayhome en guise de légende. Il y a eu aussi de nombreux mots d’ordre: « wash your hands », « spread no virus », « cancel plans not humanity », « I want you to stay home« . Et puis, le motif du masque, témoin omniprésent d’une nouvelle normalité. Multiples ont également été les compositions rendant hommage au personnel soignant, ainsi de cette infirmière tenant l’Italie dans ses bras. L’humour n’a pas été oublié pour autant. On pense notamment aux variations autour de l’emblématique papier toilette, objet de toutes les convoitises, qui a inspiré à John D’oh (Bristol) le portrait hygiéniquement bien pourvu d’une famille très Mad Men. Le tout sous-titré par un cinglant « Coronavirus… There is no need to shit yourself« . Bien entendu, il n’était pas question non plus pour ces artistes « nés dans la rue » d’oublier un rôle qui leur va si bien: celui de poil à gratter. C’est bien entendu Donald Trump, Jair Bolsonaro et Boris Johnson qui ont en principalement fait les frais. Difficile de ne pas penser qu’ils l’ont bien cherché.

Précautions sanitaires pour le fameux Homme au turban rouge, probable autoportrait de Van Eyck, exécuté de main de maître à Londres par le muraliste Lionel Stanhope.
Précautions sanitaires pour le fameux Homme au turban rouge, probable autoportrait de Van Eyck, exécuté de main de maître à Londres par le muraliste Lionel Stanhope.© ISOPIX/AP/M. DUNHAM
PQ papers: la palme revient au Berlinois Eme Freethinker avec cette fresque donnant à voir Gollum en train de chérir son précieux rouleau.
PQ papers: la palme revient au Berlinois Eme Freethinker avec cette fresque donnant à voir Gollum en train de chérir son précieux rouleau.© BELGAIMAGE
Le street artist danois Welinoo a taillé un joli costard à Donald Trump en le représentant à mi-chemin entre Shrek et une cellule de virus corona.
Le street artist danois Welinoo a taillé un joli costard à Donald Trump en le représentant à mi-chemin entre Shrek et une cellule de virus corona.© ANDREAS WELIN
Fin avril, un masque géant a été posé sur un pastiche de Vermeer signé par Banksy en 2014. Une manière de dénoncer les pénuries en matière de protections individuelles
Fin avril, un masque géant a été posé sur un pastiche de Vermeer signé par Banksy en 2014. Une manière de dénoncer les pénuries en matière de protections individuelles© DR
Champion du pochoir, le Californien Jeremy Novy signe ici une composition grinçante. Il est en effet loin le temps des
Champion du pochoir, le Californien Jeremy Novy signe ici une composition grinçante. Il est en effet loin le temps des « free hugs ».© JEREMY NOVY

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