Critique scènes (online): Sexplay, paroles de fille

Sexplay © Théâtre de Liège
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

En ouverture de l’édition en livestreaming du festival Emulation, Camille Husson présentait Sexplay, annoncé comme un questionnement sur « nos imaginaires pornographiques ». Un seul en scène cru, assumé comme tel, mais hélas pas convaincant.

C’est une parole encore rare, mais qui tend à se faire entendre de plus en plus. Celle qui aborde le désir et le plaisir sexuels d’un point de vue féminin. Avec Sexplay, créé aux Riches-Claires à l’automne dernier, Camille Husson a le courage de placer au centre de la scène ce qui est censé rester hors d’elle, l’ob-scène, en se livrant à la première personne et avec pour seule compagnie un assemblage de néons aux multiples fonctions.

Le spectacle se présente comme un patchwork de souvenirs d’époques diverses, de la prime enfance à l’âge adulte. On passe d’un club libertin de Berlin à la kermesse du village, de la découverte chez une copine d’une pile de magazines pornos où « les bites parlent et crachent » à la visite d’un sexshop artisanal tenu par une xylophile, ou encore à travers un abécédaire des « déviances » sexuelles (« mais s’écarter du droit chemin, c’est en découvrir d’autres« ).

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Si les thématiques abordées sont essentielles (la liberté de jouir de son corps, le consentement, l’assouvissement ou non des fantasmes…), le côté décousu de Sexplay a tendance à dissoudre les enjeux. Et si le langage ultra cru utilisé rebutera peut-être certains spectateurs, il est tout à fait accepté chez certains humoristes par exemple, sans toutefois qu’il y ait ici l’humour pour compenser. Mais ce qui laisse le plus perplexe par rapport à la démarche de Camille Husson, c’est le parti pris, clairement énoncé dans le spectacle, de l’autofiction, « de l’autobiographie avec de la fiction« , comme elle le souligne elle-même. Car sur cette ligne floue entre authenticité et invention, on ne sait plus comment avancer. Qu’est-ce qui est sincère? Qu’est-ce qui est exagéré? Est-ce un témoignage ou de l’imagination débridée? Une confession ou du baratin? Du coup, entre l’envie de se laisser émouvoir et la sensation de se faire mener en bateau, on risque de rester à quai. Dommage…

Sexplay, présenté dans le cadre du festival Emulation organisé jusqu’au 30 avril par le Théâtre de Liège, www.theatredeliege.be

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