[Critique scènes] Kifesh, danse hip-hop sur le souffle

Oumar Diallo et Djimi Kahunda Kikonda dans Kifesh © DR
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Présents au Festival Détours, les Bruxellois Oumar Diallo et Djimi Kahunda Kikonda osent dans Kifesh une danse (quasiment) sans musique, rythmée par la respiration et les percussions corporelles. Gonflé et convaincant.

Des breakers, ils ont gardé le toprock, ces pas de chauffe avant de se lancer dans les figures. Du krump, ils ont gardé les doigts crispés et une attitude revendicatrice, voire provocatrice, en face à face hyper proche avec le public. Et du hip-hop dans son ensemble, ils ont gardé l’importance du beat, qui fait pulser la danse. Mais ce que Oumar Diallo et Djimi Kahunda Kikonda proposent dans Kifesh va bien au-delà de la danse hip-hop, le duo osant fracasser les clichés, et les attentes.

D’abord, il y a le pari, pas gagné d’avance, du silence. Il n’y aura que quelques minutes de musique –High life, de Josman, pour une séquence audacieuse de danse couchée. Le son, c’est eux qui vont s’en charger, en direct. Contrairement à l’usage qui veut que l’effort soit dissimulé et que donc la respiration soit discrète, inspirations et respirations forment ici une grande partie de la bande sonore, empruntant parfois aux arts martiaux. À d’autres moments, ce sont les pieds frappant le sol qui font office de boîte à rythmes.

Ailleurs encore, c’est la parole qui s’invite, évoquant la situation et les origines des deux danseurs, et le tenace plafond de verre sous lequel « on marche à quatre pattes« . « Je fais partie de la génération qui continue le voyage de ses parents« . « Je vis avec cette force d’avoir un point faible. » « Je vole« , répète comme une litanie Djimi Kahunda Kikonda, sans que l’on sache d’abord dans lequel des deux acceptions il faut prendre le verbe, avant de voir le danseur décoller, littéralement.

Surprenant par ses multiples changements de ton et de direction, séduisant par la complicité de son duo, mais gagnant sans doute à être quelque peu resserré, Kifesh prend des risques, joue cartes sur table, et remporte la mise.

Vu le 25 septembre au Centre culturel Bruegel à Bruxelles, dans le cadre du Détours Festival, www.detoursfestival.be

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