L'air de rien, le racisme est un thème qui n'est pas si souvent abordé sur nos scènes. Le sujet est, certes, hyper casse-gueule, les bonnes intentions se heurtant souvent à la question de la légitimité. La compagnie chilienne Bonobo, présente à Bruxelles dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts, se tire de cet exercice périlleux par la voie de l'humour et du décalage temporel.
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Critique scène : Les meilleures intentions

Estelle Spoto
Journaliste
Le Kunstenfestivaldesarts continue. Détour par l'Amérique du Sud avec une pièce au ton particulièrement original de la compagnie chilienne Bonobo, abordant le racisme par la bande et le rire.

L'air de rien, le racisme est un thème qui n'est pas si souvent abordé sur nos scènes. Le sujet est, certes, hyper casse-gueule, les bonnes intentions se heurtant souvent à la question de la légitimité. La compagnie chilienne Bonobo, présente à Bruxelles dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts, se tire de cet exercice périlleux par la voie de l'humour et du décalage temporel. On commence par un retour vers le passé, dans une ambiance proche de la commedia dell'arte. Dans les Amériques du XVIIe siècle, un Indien discute avec un colon, son maître. Derrière une histoire de zoophilie et de soutien à une tentative d'évasion pointe ce qui sera un des fils rouges du spectacle : le malaise. Cette tension palpable entre les uns et les autres, et qu'il semble impossible de faire disparaître. Noir, puis lumière. Autre époque. On pourrait croire à une scène contemporaine et réaliste : dans une salle de réunion, des médecins parés de badges, préparent leur présentation pour un congrès international. Mais la science-fiction s'infiltre furtivement dans la conversation : ces médecins ont travaillé dans une communauté d'"Aménites", une espèce extraterrestre animalisée -donc déshumanisée- sous le surnom de "chiens" (la compagnie, elle, s'appelle Bonobo, primate proche du chimpanzé). Au fil de quatre jours, les discussions entre docteurs vont révéler quelques secrets, trahir les sentiments réels, dévoiler les fonds exécrables quand on gratte le vernis de générosité. Le tout en faisant surgir le rire, à coups de lapsus révélateurs, de conversations par l'intermédiaire de cannettes et de révélations grosses comme des maisons.Tu amaras, dit le titre. "Tu aimeras"... "ton prochain comme toi-même", dit la Bible. Mais il est impossible d'obéir à cette injonction tant que l'on ne s'est pas d'abord demandé "pourquoi on hait, pourquoi on a peur". Alors seulement on pourra avancer sereinement. "On continuera quand vous vous sentirez à l'aise". Fameuse conclusion.
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