Critique scène: Le Petit Chaperon blanc

© Véronique Vercheval
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Si commencer à avoir ses règles, c’est devenir femme, qu’est-ce qu’on est alors quand on ne les a plus? Au Théâtre de Poche, Ménopausées libère avec beaucoup d’humour la parole autour de ce sujet encore tabou.

Sous une immense Lune dont la durée des cycles correspond à la durée moyenne des cycles menstruels, trois créatures étranges, sans visage, oeil unique et cheveux blonds, attendent, avant de se démasquer et de prendre la parole. Une parole qui n’est pas la leur: elle provient d’une récolte de témoignages effectuée par Caroline Safarian et Dominique Pattuelli, les deux autrices du texte, auprès de femmes -mais aussi d’hommes- de cultures et de provenances diverses. Ménopausées est le collage de leurs expériences, de leurs joies et de leurs déceptions, de leurs désemparements et des solutions trouvées pour traverser cette phase délicate, rendue plus difficile encore par le regard désapprobateur que pose la société sur tout signe de vieillesse.

Pour l’une, selon sa culture, l’arrêt des règles signifie la fin des périodes impures, mais aussi la fin de la sexualité. Pour une autre, la ménopause a au contraire généré un regain de désir. Suzanne raconte comment elle a surmonté une énorme bouffée de chaleur survenue au début de la présentation devant des clients d’un dossier décisif professionnellement. Le mari de Nadège multiplie les reproches à sa femme épuisée: « Tout t’irrite, qu’est-ce que je dois faire? », « En un mois tu t’es complètement affaissée ». La femme de Michel établit l’addition -salée- de tous ses frais liés aux règles. Un débat confronte une sexologue cougar à une représentante de laboratoire pharmaceutique vantant la prise d’hormones synthétiques pour contrer cette « maladie ».

Passant d’un registre à l’autre, d’une brève citation de Rosas danst Rosas d’Anne Teresa De Keersmaeker à une scène de fête sur The Blaze, d’une déclaration pleine d’émotion à une scène de couple hilarante, du symbolique au quotidien, Marie-Paule Kumps, Serge Demoulin et Dominique Pattuelli assument un puzzle à l’hétéroclisme déconcertant au départ, légèrement répétitif (enlever les masques, remettre les masques), mais qui balaie toute critique grâce à sa grande tendresse et à sa drôlerie dédramatisante pour englober au mieux ce sujet encore trop peu abordé. Parlez-en!

Ménopausées: jusqu’au 2 février au Théâtre de Poche à Bruxelles (la représentation du 17 janvier sera suivie d’un débat avec le docteur Serge Rozenberg, gynécologue), le 8 février au centre culturel de Huy, le 16 février au centre culturel de Gembloux, le 1er mars à Wolubilis à Woluwe-Saint-Lambert, du 7 au 9 mars à La Vénerie, à Watermael-Boitsfort.

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