Critique scène: à deux c’est mieux

Mercedes Dassy et Tom Adjibi.
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Pas facile de trouver un langage commun à mi-chemin entre danse et théâtre. Mercedes Dassy et Tom Adjibi tentent le coup dans Twyxx, créé à Namur. Génial par moments, diablement rafraîchissant, mais trop éclaté.

On peut dire que les attentes étaient hautes. Mercedes Dassy avait déjà démontré qu’elle était une danseuse intense pour des chorégraphes comme Lisbeth Gruwez ou Oriane Varak, et qu’elle savait elle-même assurer une création avec son solo électrisant i-clit. Tom Adjibi avait lui bluffé tout le monde en endossant le rôle principal dans La Reprise de Milo Rau. Alors, quand on avait appris que ces deux-là présentaient ensemble un spectacle dont ils étaient à la fois les concepteurs et les interprètes, la curiosité était plus qu’attisée. Que pouvait donner le mélange de ces deux sacrées personnalités croisant leurs langages artistiques, en sachant aussi que ce couple à la ville entendait traiter un thème tarte à la crème mais inépuisable: la relation à l’autre, en particulier amoureuse.

Le fond zébré de miroirs oblongs accueille d’abord une vidéo, mash up posant l’atmosphère, entre exotisme asiatique, futurisme robotique et duo qui se rétame sur la glace. Enfin, ils entrent en scène, en combi moulante colorée. Et c’est la voix immédiatement identifiable -du moins pour les plus de 20 ans- de Julien Lepers qui va orchestrer la choré, dans un mix drolatique. Devant cette partition audacieuse et totalement maîtrisée, on ne boude pas son plaisir et on s’amuse à repérer les brefs leitmotivs et les quelques accents figuratifs, entre les coups de buzzer.

La suite de Twyxx sera parsemée d’autres trouvailles originales: échanges de rôles à la mode hentai, utilisation de dispute créative, projection au ras du sol… Le duo épate par sa capacité à renouveler la traditionnelle scène de couple, en convoquant les codes de sa génération sans exclure les représentants d’un autre âge. Très rafraîchissant de ce point de vue, Twyxx s’essouffle toutefois de par sa construction en succession de tableaux. Ça manque de tension globale, d’un fil qui charpenterait l’ensemble. Reste qu’il y a là un fameux potentiel, une belle promesse. A suivre…

Twyxx: jusqu’au 25/09 au Théâtre de Namur, du 02 au 06/06 au Théâtre les Tanneurs à Bruxelles.

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