Bond d’un siècle dans le temps avec Science-fictions

Ils sont quatre, réunis de nuit dans une sorte de clairière, au milieu de ce qui fut peut-être une ville mais où la nature a repris ses droits. © Philippe Deprez
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

A quoi ressemblera notre vie dans cent ans, au-delà des catastrophes annoncées? Selma Alaoui se fait pythie et répond à la question dans Science-fictions, utopie futuriste qui parle aussi de la nature du théâtre et du quotidien des comédiens.

Bienvenue en 2120. Un siècle après nous, que restera-t-il de la Terre? Que restera-t-il de l’humanité? Inspirée par les récits de science-fiction de l’écrivaine américaine Ursula K. Le Guin, l’auteure et metteuse en scène Selma Alaoui s’est prêtée au jeu de l’anticipation avec la complicité de ses comédiens -Olivier Bonnaud, Jessica Fanhan, Achille Ridolfi et Eline Schumacher- qui ont nourri son écriture avec des dizaines et des dizaines d’improvisations.

Ils sont donc quatre, réunis de nuit dans une sorte de clairière, au milieu de ce qui fut peut-être une ville mais où la nature a repris ses droits. Ils sont là clandestinement, pour regarder ensemble des extraits d’un film tourné cent ans plus tôt, à travers lequel ils sont liés et dont ils sont loin de comprendre la signification puisque le passé de l’humanité n’a pas été transmis en totalité. Ces bribes de film -vraiment tournées par l’équipe du spectacle et puisant aussi bien dans Star Wars que dans Matrix– s’avèrent en réalité elles-mêmes une anticipation, de la science-fiction. Et le futur imaginé pour le grand écran de contraster avec la réalité du quatuor de spectateurs, plus proche des cultures new age et hippie que des sociétés ultratechnologiques pleines d’armes et d’androïdes.

Parler aux arbres et aux plantes

Ici, en 2120, on se prend des hallucinations avec de la vase fongique, on parle aux arbres et aux plantes, on ne mange plus de viande, on pratique le troc et l’amour libre, on consulte les astres, on valorise l’humilité et on se soigne à coups de réchauffement cellulaire. Ce quotidien rempli de clins d’oeil se complète sur scène de projections vidéo d’extraits d’interviews d’hommes et de femmes du futur, qui décrivent depuis leur point de vue ce qu’est une clé, une maison, prendre une douche ou le métier d’acteur.

Via un flash-back assez drôle et un rebondissement sur l’identité d’un des personnages, Selma Alaoui en profite d’ailleurs pour brosser un tableau assez réaliste de la vie des comédiens en 2020, entre manque de considération et de diversité, travail non- ou sous-payé et distanciation Covid. Science-fictions, à travers ses différentes couches et ses multiples tableaux (un élagage est sans doute nécessaire pour plus d’intensité), réussit la performance de conscientiser aux changements nécessaires sans accabler, de soulever les bonnes questions tout en restant léger. Un exploit appréciable.

Science-fictions: Jusqu’au 22/10 au Théâtre Varia à Bruxelles, du 27 au 31/10 au Théâtre de Liège.

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