2019, l’année du non à la non-parité au théâtre

Ménopausées, un spectacle écrit et mis en scène par des femmes. © véronique vercheval/théâtre de poche
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

En 2019, le déséquilibre criant entre hommes et femmes à la source de ce qui est présenté sur nos scènes ne pouvait plus être justifié par un héritage de l’histoire.

Le 14 septembre, le collectif F(s) s’est invité à la fête d’ouverture de saison du Théâtre de Poche. Le 4 juin 2018, les militantes avaient déjà squatté les escaliers du Théâtre national pour dénoncer les inégalités criantes entre hommes et femmes aux places de pouvoir dans le secteur de la culture, notamment dans les postes de direction, au sein des conseils d’administration et des conseils d’avis dont dépend la répartition des subsides.

En débarquant en cette rentrée au bois de la Cambre avec une banderole « Bienvenue au boys’ club », le collectif visait le déséquilibre entre genres au niveau de la création artistique, en particulier le sexe des auteurs et metteurs en scène qui occupent les affiches des institutions théâtrales en Fédération Wallonie-Bruxelles. En l’occurrence, au Poche, sur les dix spectacles de la saison 2019-2020, deux ont été écrits par des femmes (la Britannique Lucy Kirkwood pour Les Enfants et le duo Caroline Safarian – Dominique Pattuelli pour la reprise de Ménopausées) et un seul a été confié à une metteuse en scène (Ménopausées). Un cas emblématique du secteur.

En 2013 déjà, en important à Bruxelles le concept parisien de Marathon des autrices (24 heures non-stop de lectures de textes théâtraux de septante-deux femmes), l’auteure et metteuse en scène Céline Delbecq (L’Enfant sauvage, le récent Cinglée) espérait attirer l’attention sur le fait que, oui, des femmes écrivent pour le théâtre et que, non, leur faible présence dans le répertoire, héritée de l’histoire, ne peut servir d’excuse dans des programmations contemporaines. « Avant d’assister à ce Marathon à Paris, je n’avais jamais remarqué qu’il y avait si peu de femmes dans la culture, confiait récemment la Tournaisienne. J’ai pensé qu’il suffisait de le dire pour que ça change. Alors, après avoir organisé tout ça, quand j’ai vu la saison des théâtres qui a suivi, ça a été la dégringolade parce que rien n’avait changé. »

Evidemment, un changement radical ne pouvait s’opérer du jour au lendemain. Mais que la prise de conscience ait lieu est déjà un point de départ fondamental. Au moment d’établir leurs futures saisons, les responsables d’institutions ne pourront manquer d’avoir cette question de la parité en tête. Car, désormais, ils savent que leur réputation s’établira, aussi, sur ce critère.

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