[Critique musique] Fat White Family « Serfs Up! »

© SARAH PIANTADOSI
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les barjots de la Fat White Family se réinventent en bousculant les codes de la pop.

On en a perdu des groupes excitants dans la came, la picole, l’autosatisfaction, la prétention et les excès. Certains n’ont jamais essayé de se renouveler. Usant le filon jusqu’à la corde. Convaincus d’avoir trouvé la formule magique et les clés du succès. D’autres se sont perdus sur les routes du changement. Essayant de le forcer et se vautrant souvent dans une prétendue modernité. Aussi malins que drogués, les Londoniens de la Fat White Family (lire l’interview) ont toujours réussi à mener leur barque en dehors des eaux troubles du marché, de la complaisance et de la resucée…

À sa sortie, Feet, premier single extrait de Serfs Up!, avait un peu foutu les jetons. Pas spécialement à cause de son clip, promenade à poil sur champ de bataille façon guerre mondiale. Plutôt à cause de ses sonorités franchement années 80. Enregistré dans une zone industrielle de Sheffield où le groupe a aménagé son propre studio baptisé Champzone (tiens, tiens…), Serfs Up! réinvente la Fat White Family en jouant avec les ingrédients et les codes (pas que les meilleurs) de la pop. Il y a sur ce disque un tas d’éléments qui, dans les mains d’un autre, assemblés différemment, en auraient fait la pire des soupes, d’une ringardise sans nom. Mais les frères Saoudi et leur comparse Saul Adamczewski en ont profité pour fabriquer un disque singulier. Apparemment biberonné à la kétamine, aux acides et au Yeezus de Kanye West…

[Critique musique] Fat White Family

Vagina Dentata (une chanson prémonitoire selon Lias, reflétant a priori l’anxiété de la castration) sonne comme un morceau de Prince sous sédatif. Kim’s Sunsets et ses synthés tropicaux font un petit coucou à la Corée du Nord. Fringe Runner, tout en groove et claquements de mains, se la joue funk des années 80. Et Rock Fishes semble mélanger le The Universal de Blur au Avalon de Roxy Music. Perdu? Tastes Good with the Money s’entame comme un chant grégorien et vire fête d’école catholique où on aurait gavé les gamins de space cake. Un titre auquel vient se mêler ce bon vieux Baxter Dury et un père saxophoniste qui a dû abuser sur la picole en préparant le barbecue…

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Si le titre de l’album renvoie forcément aux Beach Boys et à leur Surf’s Up, seul un extrait du disque ( Oh Sebastian) a des allures d’hommage au groupe de Brian Wilson. Plus proche de Marc Bolan sur son T. Rex, de Gary Numan, David Bowie et des années 80 que du génie fou des sixties, Serfs Up! est à prendre au pied de la lettre. Les serfs debout. Les paysans à la révolte. Stark, Lannister? Tout le monde se demande qui terminera sur le trône de fer… On vous l’annonce déjà (le teaser de l’album se la jouait Game of Thrones): il est pour la Fat White Family. Les Londoniens ont beau avoir l’air complètement déglingués, on défie quiconque de les en déloger…

Fat White Family

« Serfs Up! »

Distribué par Domino. Le 12/06 au Botanique et le 14/07 à Dour.

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