Critique

Critique ciné: What We Do in the Shadows, morts de rire

What We Do in the Shadows © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

DOCUMENTEUR | Nosferatu rencontre The Office dans What We Do in the Shadows, poilant mockumentaire vampirique co-signé par la moitié hilare de Flight of the Conchords.

D’un côté: Taika Waititi, rejeton facétieux d’un père maori et d’une mère juive auteur avec Eagle vs Shark et Boy de deux odes loufoques aux underdogs lunaires façon Wes Anderson des antipodes. De l’autre: Jemaine Clement, binoclard lippu moitié de Flight of the Conchords, groupe pop-folk bricolo-fauché au coeur de la série HBO culte du même nom, un genre de Spinal Tap lo-fi qui fit mal au ventre de rire à la fin des années 2000. Ensemble, ils forment dès les nineties The Humourbeasts, duo comique couronné d’un Billy T Award, la plus haute récompense néo-zélandaise en matière d’humour, et se retrouvent aujourd’hui pour signer en tandem le scénario et la réalisation de What We Do in the Shadows, faux documentaire rigolard où ils incarnent respectivement Viago et Vladislav, deux vampires plusieurs fois centenaires traînant leurs guêtres en 2013, entre colocation difficile à l’abri de la lumière du jour et virées nocturnes hasardeuses.

Suceurs de sang impénitents mais totalement candides quant aux réalités du monde contemporain, les deux compères partagent une résidence crasseuse avec Deacon, le don Juan rebelle de la bande, et Petyr, freak blafard de 8000 ans à l’infâme hygiène bucco-dentaire, dans la banlieue de Wellington. Quand ce dernier transforme par accident un jeune hipster censé leur servir de repas en vampire, c’est tout un petit monde fait de chemises à jabot et de tortures ancestrales qui vacille, le nouveau-venu et son pote Stu, développeur informatique, les initiant bientôt aux merveilles de la technologie moderne et aux endroits les plus branchés de la capitale…

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Pluie de gags

Le générique, bourré d’idées et de détails farceurs, donne le ton. La pluie de gags sera pour ainsi dire ininterrompue, l’écriture jubilatoire présidant à l’entreprise ne connaissant quasiment aucune baisse de régime: c’est à peine si le film « patine » quelques instants, à ses deux-tiers, quand il s’agit d’en faire substantiellement avancer l' »intrigue ». Même si celle-ci, on l’aura compris, n’est que pur prétexte à la galéjade.

Potache mais référencé, bon enfant mais malin, l’humour, jamais appuyé, naît ici essentiellement de la trivialité absolue des situations, la comédie, noire et volontiers absurde, jouant la carte du décalage entre les préceptes poussiéreux du film de vampires et les réalités de notre temps: pas commode, par exemple, de rentrer en discothèque quand on ne peut franchir le moindre seuil sans y avoir au préalable été invité. Ni simplement de se préparer pour sortir quand il est impossible de se contempler dans un miroir. Même si le visionnage en boucle de levers de soleil sur YouTube pourra toujours, in fine, apporter son lot de réconfort.

Emballé dans un montage vif et dynamique dopé aux effets spéciaux modestes mais bien sentis, What We Do in the Shadows conjugue ainsi avec bonheur, et appétit, mauvais esprit et amour inconsidéré du cinéma de genre, tournant même au passage en dérision les codes amidonnés du found footage horrifique à la Blair Witch Project. Réjouissant!

  • DE ET AVEC TAIKA WAITITI ET JEMAINE CLEMENT. AVEC AUSSI JONATHAN BRUGH, RHYS DARBY, ETHEL ROBINSON. 1H26. SORTIE: 04/02.

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