Critique

[Critique ciné] Une intime conviction

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Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME JUDICIAIRE/BIOPIC | Une fameuse affaire judiciaire française revisitée de prenante et surprenante façon avec Olivier Gourmet et Marina Foïs.

Vous souvenez-vous de l’affaire Suzanne Viguier, du nom de cette femme disparue en février 2000 et dont la trace ne fut jamais retrouvée? La France entière s’était prise de passion pour ce mystère très probablement criminel (Suzanne n’avait rien emporté), dans lequel l’amant de la disparue joua le rôle d’accusateur et le mari de suspect évident. Jacques Viguier, professeur de droit à l’université de Toulouse, fut inculpé puis jugé une première fois en 2009. Acquitté par la cour d’assises de Haute-Garonne, il vit le procureur général faire appel du verdict et se dirigea vers un second procès, l’année suivante, aux assises du Tarn à Albi.

C’est au moment où se prépare ce nouvel épisode judiciaire d’une affaire très médiatisée que commence Une intime conviction. On y voit une cuisinière, mère de famille dont le jeune fils reçoit un soutien en mathématiques de la part de la fille de Viguier, se dévouer spectaculairement à la cause de l’accusé. Nora fera des pieds et des mains pour l’aider, en commençant par approcher le célèbre avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti, pas trop convaincu de prendre la défense de Viguier alors qu’il ne reste plus beaucoup de temps avant son second procès…

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[Critique ciné] Une intime conviction

Marina Foïs joue Nora dans une ferveur palpable, Olivier Gourmet mesure avec force sa carrure à celle du ténor du barreau, l’indéchiffrable Laurent Lucas campant l’accusé. Derrière la caméra, Antoine Raimbault les filme avec un réalisme cru, une sécheresse de trait rappelant un peu Chabrol et sa veine Simenon. Avant d’aborder ce qui est son premier long métrage, Raimbault en avait fait un court, Vos violences, dont le rôle principal (celui d’un avocat subissant avec sa fille une brutale agression) était tenu par… Éric Dupond-Moretti. Il creuse l’affaire Viguier avec une ligne narrative très particulière, un angle d’attaque original, celui de l’engagement obsessionnel de Nora, et de sa relation compliquée avec l’avocat qu’elle entend convaincre à tout prix pour ensuite l’aider à préparer le procès. L’élément humain est omniprésent et nous emporte plus encore dans l’affaire, au point de presque oublier un verdict final connu. Et de s’exposer à une énorme surprise en toute fin de film, un renversement majeur exposé par un simple carton avant le générique. Nous garderons ici le mystère sur ce « twist » ahurissant. Tentez d’en faire de même, de ne pas vouloir savoir à l’avance, percer trop tôt le mystère. La réflexion profonde que veut initier Raimbault avec Une intime conviction, son invitation à méditer sur les pièges de l’emballement et de la manipulation médiatique, mais aussi sur le rôle du cinéma, ne peut qu’y gagner.

D’Antoine Raimbault. Avec Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas. 1h50. Sortie: 06/02. ***(*)

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