[Critique ciné] The Nile Hilton Incident (Le Caire confidentiel), de haut vol
THRILLER | C’est l’une des excellentes surprises de l’agenda cinéma estival: la sortie nationale de cette petite bombe de thriller politique, révélation et grand vainqueur du dernier Festival du film policier de Beaune, déjà primé à Sundance en début d’année.
Réalisé par Tarik Saleh, journaliste et graffeur suédois d’origine égyptienne, The Nile Hilton Incident s’ouvre au Caire, le 15 janvier 2011, soit à la veille de la révolution qui allait secouer la place Tahrir et bien au-delà le temps de ce qui restera comme le plus grand soulèvement populaire qu’ait jamais connu l’Égypte. Abus de pouvoir, corruption généralisée, état d’urgence permanent, inégalités criantes, pauvreté, attentats… Le pays est une gigantesque bouilloire prête à exploser quand Noredin (formidable Fares Fares, vu dans le Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow), inspecteur partagé entre l’indocilité et le népotisme, se voit chargé d’enquêter sur le meurtre d’une chanteuse de club dans une chambre d’hôtel grand luxe. Balloté au gré des incongruités que lui réserve sa hiérarchie, il fait l’ascenseur humain entre les extrêmes tout en verticalité de la capitale: des bas-fonds sordides aux hautes sphères huileuses… Si The Nile Hilton Incident a toutes les caractéristiques du film noir à l’ancienne (flic manipulé et femme fatale sur fond de gangrène urbaine), il impressionne surtout par sa capacité à s’emparer d’une actualité récente aux cendres encore brûlantes. Le Caire est bien le personnage central de ce thriller désenchanté capturant comme rarement l’idée, vécue collectivement, d’un basculement. Du cinéma de genre de haut vol.
Thriller de Tarik Saleh. Avec Fares Fares, Slimane Dazi, Ger Duany. 1h46. Sortie: 19/07. ****
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