
[Critique ciné] Dans les forêts de Sibérie, une aventure méritant le voyage
FILM D’AVENTURE | Tourné sur les lieux réels de l’action, le film dégage une force visuelle et sensuelle louable, loin de tout psychologisme.
La nature sauvage, sublime, des rives du lac Baïkal. Une cabane isolée, tout près de l’eau qu’a prise le gel. Un homme vit là, qui a fui les fracas du monde. Par une nuit de blizzard, perdu et en danger de mort, il sera secouru par un colosse russe qui vit caché dans la forêt depuis des années… Le récit autobiographique de Sylvain Tesson (1), prix Médicis 2011 de l’essai, inspire à Safy Nebbou une adaptation mettant l’accent sur un élément… absent du bouquin: la relation d’amitié entre Teddy et Aleksei, deux hommes que tout oppose au départ mais entre lesquels va se développer un lien important, salvateur même. Le réalisateur privilégie cette dimension humaine, ne faisant qu’effleurer (mais joliment) le thème des rapports avec la nature, la solitude, l’exil poétique, dont Tesson faisait la part essentielle de son livre. Peur d’ennuyer? Sans doute! Le cinéaste de L’Empreinte de l’ange et de L’Autre Dumas tire en tout cas un parti appréciable du talent et surtout de la présence de ses acteurs Raphaël Personnaz (Au bonheur des ogres) et Evgueni Sidikhine (un ex-champion de lutte libre devenu comédien). Dans ses meilleurs moments, Dans les forêts de Sibérie évoque le merveilleux Dersou Ouzala (1975) de Kurosawa. Tourné sur les lieux réels de l’action, le film dégage une force visuelle et sensuelle louable, loin de tout psychologisme. Même s’il n’a pas la profondeur qui se devine pourtant sous la très belle lumière du chef op’ Gilles Porte, il offre au regard une aventure méritant le voyage.
(1) PARU AUX ÉDITIONS GALLIMARD.
DE SAFY NEBBOU. AVEC RAPHAËL PERSONNAZ, EVGUENI SIDIKHINE. 1 H 45. SORTIE: 13/07. ***(*)
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