Critique

[Critique ciné] Billy Lynn’s Long Halftime Walk: Ang Lee déconstruit le héros de guerre

Joe Alwyn et Vin Diesel dans Billy Lynn's Long Halftime Walk de Ang Lee. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | A travers l’équipée d’un jeune soldat revenu d’Irak en héros, Ang Lee questionne l’image que se fait l’Amérique de la guerre. Un film passionnant, mais dispersé à l’excès…

Le parcours de Ang Lee n’en finit plus d’étonner qui, après l’avoir conduit de Taiwan aux Etats-Unis, l’a vu se frotter aux univers les plus divers avec un égal bonheur, d’une adaptation enlevée de Jane Austen (Sense and Sensibility) à Woodstock côté cour (Taking Woodstock), en passant par la romance de deux cowboys (Brokeback Mountain), le film d’arts martiaux (Tigre et dragon), un drame de la guerre de Sécession (Ride with the Devil), et l’on en passe, jusqu’au film de super-héros (un Hulk objectivement dispensable). Quatre ans après s’être essayé à la 3D pour Life of Pi, odyssée qui devait lui valoir l’Oscar du meilleur réalisateur, Lee poursuit ses expérimentations techniques à la faveur de Billy Lynn’s Long Halftime Walk (Un jour dans la vie de Billy Lynn), un film pour lequel il a recouru à une technologie inédite, tournant à 120 images par seconde en résolution 4K et en 3D, pour un rendu immersif que l’exploitation en 2D sous nos latitudes ne permet malheureusement pas d’évaluer.

Déconstruction d’un héros

[Critique ciné] Billy Lynn's Long Halftime Walk: Ang Lee déconstruit le héros de guerre

Adapté d’un best-seller de Ben Fountain, le film n’est pas dénué d’intérêt pour autant. Lee y accompagne, une journée durant, Billy Lynn (le débutant Joe Alwyn), jeune soldat affecté en Irak en 2005, de retour au pays avec le statut de héros après avoir secouru au péril de sa vie un camarade resté à découvert lors d’un assaut hasardeux, acte filmé par une caméra et médiatisé dans la foulée. Et d’être accueilli comme tel alors qu’il doit parader, avec son escadrille, à la mi-temps d’un match de football à Dallas. Voilà du moins pour le programme officiel de la tournée promo-patriotique, les militaires en représentation, Billy Lynn le premier, semblant quelque peu paumés dans l’agitation superficielle du moment, entre promesses fumeuses d’un avenir hollywoodien et la perspective imminente de croiser Destiny’s Child, en attendant de repartir au front.

En s’insinuant dans les pensées confuses de Billy à grand renfort de flash-back le ramenant tantôt à sa famille, et notamment à soeur Kathryn (Kristen Stewart), tantôt sur le terrain irakien, c’est à une forme de déconstruction du héros de guerre américain que s’emploie Ang Lee, doublant l’exploration du trouble de stress post-traumatique du questionnement de la perception et de l’image, déconnectée, que l’Amérique se fait de ses guerres. La matière est assurément passionnante; le film, pour autant, ne convainc pas totalement, la tension dramatique se diluant dans les méandres de sa narration éclatée. Qu’importe, même dispersé à l’excès, le propos n’en reste pas moins interpellant. Les flonflons et les majorettes oubliés, c’est bel et bien sur un concentré d’amertume que se conclut cette journée de Billy Lynn, à la mesure du caractère insensé d’un engagement aux conséquences humaines ravageuses…

De Ang Lee. Avec Joe Alwyn, Garrett Hedlund, Kristen Stewart. 1h53. Sortie: 25/01. ***(*)

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