Couronnement

Numero Group compile un époustouflant pasteur de Chicago qui a travaillé dans une morgue et été samplé par Kanye West. Alléluia…

Pasteur pentecôtiste né le 13 janvier 1944 dans le Queens, Thomas Lee Barrett est sorti ces dernières années de son relatif anonymat après avoir été samplé en 2016 par un certain Kanye West sur un extrait ( Father Stretch My Hands) de son album The Life of Pablo. Le label Light In The Attic avait déjà en 2010 braqué quelques projecteurs sur l’apôtre. Rééditant un album de 1971 ici présent, Like a Ship… (Without a Sail) qui lui vaudrait l’admiration et les louanges entre autres de Jim « My Morning Jacket » James et Colin « Radiohead » Greenwood, puis aussi, par la suite, de Leon Bridges et Beck. Depuis, Barrett s’est retrouvé dans une publicité pour l’équipementier sportif Under Armour réalisée par Harmony Korine ou encore la bande originale de Barry, le film sur la vie de Barack Obama à la Columbia University.

Une vie mouvementée

L’histoire du bonhomme mériterait bien un biopic, elle aussi. Élevé à Chicago, fils d’un musicien de gospel, Thomas Lee retourne du côté de New York à la mort de son père. Il n’a que seize ans à l’époque et s’est fait virer de la Wendell Phillips High School, qui possède maintenant une plaque commémorative en son honneur. Il commence à travailler à l’hôpital de Flushing où, du côté de la morgue, il doit extraire des glandes des cadavres. À 17 printemps, il est arrêté par la police. Incapable de payer la pension alimentaire que lui réclame une femme de 20 ans son aînée. Le juge décrétant qu’elle pouvait être heureuse qu’il ne la condamne pas comme prédatrice sexuelle.

Couronnement

Quelques jobs plus tard (il a notamment ciré pas mal de chaussures), Barrett retourne à Chicago et devient pasteur. Il utilise la musique pour ensorceler les jeunes tel le joueur de flûte de Hamelin, mais en vue de les remettre dans le droit chemin… Activiste dans la lutte pour les droits civiques, il a marché aux côtés du controversé Jesse Jackson, eu une quinzaine d’enfants, et le droit à un coup de fil d’Obama lorsque l’une de ses filles a été assassinée. Il a aussi été condamné (sans prison) pour opérations financière pyramidales…

Ses rendez-vous hebdomadaires du mardi soir sont fréquentés par Donny Hathaway ou encore Larry Dunn, Andrew Woolfolk et Philip Bailey d’Earth, Wind & Fire. Le pasteur T.L. Barrett enregistre son premier véritable album en 1971 avec la Youth for Christ Choir, une chorale de 45 gosses qui ont alors entre 12 et 19 ans. Quelques musiciens de studio proches de Smokey Robinson, Oscar Brown Jr. et Marlena Shaw se joignent à eux pour la fabrication du disque. Le résultat est bluffant. Barrett et sa bande mélangent l’esprit du rock’n’roll et du rhythm’n’blues avec les messages rédempteurs du gospel. La tradition et le sacré avec un son jeune et contemporain. I Shall Wear a Crown rassemble 49 titres. Les rééditions de ce petit joyau Like a Ship… (Without aSail), de Do Not Pass Me By et de I Found the Answer. Puis aussi une collection de singles et de sermons. De la musique qui a la classe, l’âme et le groove. Foi d’athée…

Pastor T.L. Barrett and the Youth for Christ Choir

« I Shall Wear a Crown »

Distribué par Numero Group.

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