Titre - Yannick
Genre - Comédie
Réalisateur-trice - De Quentin Dupieux
Casting - Avec Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï.
Durée - 1h07
Quentin Dupieux s’associe à l’irrésistible Raphaël Quenard pour livrer une malicieuse réflexion sur le rôle de l’art.
C’est l’acteur français qui monte, qui monte, qui monte… Révélé il y a à peine cinq ans en interne maniaco-dépressif dans la série HP, Raphaël Quenard, jeune trentenaire originaire de la région de Grenoble qui est passé par l’armée, des études de chimie et un poste d’assistant parlementaire, enquille depuis lors les seconds rôles drôles et attachants aux accents souvent un peu louches. Certains voient déjà en lui le nouveau Benoît Poelvoorde. Apprécié brièvement chez Jacques Audiard (Les Olympiades), Quentin Dupieux déjà (Mandibules et Fumer fait tousser), Michel Hazanavicius (Coupez!), Emma Benestan (Fragile), Cédric Jimenez (Novembre) ou encore dans la saison 3 de la série Family Business, il prend cette année du galon en décrochant des rôles plus importants dans le film Netflix Cash de Jérémie Rozan, dans Sur la branche de Marie Garel-Weiss, et surtout dans le très remarqué Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand. Il est aujourd’hui l’argument principal de Yannick, que Dupieux a écrit pour lui.
Tournée en secret et en seulement six jours, cette comédie imaginée par le cinéaste durant le festival de Cannes, alors qu’il s’ennuyait en pleine projection, met en scène un spectateur lambda prénommé Yannick (Quenard, donc), simple gardien de parking faisant le déplacement depuis Melun, qui interrompt en pleine représentation la pièce Le Cocu, un très mauvais boulevard parisien, sous prétexte que ça ne lui remonte pas le moral. Sabotage éhonté ou revendication légitime? Là-dessus, c’est sûr, chacun a son avis. Jusqu’au moment où Yannick sort une arme et décide de prendre la soirée en main…
Clash des cultures
Chaque film de Quentin Dupieux tient du fragile exercice d’équilibriste entre exploration comique d’un certain non-sens existentiel et exploitation monomaniaque d’un concept fort jusqu’à la limite du pur foutage de gueule et du décrochage spectatoriel. Cette fois, le spectateur est au cœur même de son dispositif, qui voit Dupieux briser le quatrième mur pour se livrer à une réflexion malicieuse sur le rôle de l’art où le rire se teinte de malaise. À l’heure où le débat sur l’exception culturelle fait à nouveau rage en France (et ailleurs), le réalisateur déshabille son cinéma de tout artifice surnaturel et s’amuse à orchestrer un clash des cultures où sa propre peur de l’ennui côtoie l’éternelle subjectivité des goûts et la dictature du divertissement à tout prix. Ce faisant, Dupieux prouve, une fois encore, que, chez lui, tout fait cinéma. Même ce petit théâtre (grinçant) dans le théâtre (de boulevard). Offrant à l’impeccable Raphaël Quenard, menaçant et enfantin à la fois, un véritable one-man-show, ce modeste spectacle réflexif qui flirte constamment avec le rien finit par dire beaucoup, et laisse même affleurer, à l’arrivée, une émotion inattendue.
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