Stephen King à nouveau porté au grand écran avec The Life of Chuck, un thriller érotique brésilien et la société indienne vue par une jeune recrue de la police: les sorties ciné de cette semaine.
The Life of Chuck
Drame fantastique de Mike Flanagan. Avec Tom Hiddleston, Chiwetel Ejiofor, Mark Hamill. 1h51.
La cote de Focus: 3,5/5
The Life of Chuck s’ouvre par la fin d’Internet. Un véritable cataclysme, qui n’est cependant qu’un prologue à l’apocalypse à venir. Tsunamis, tremblements de terre, éruptions volcaniques… Alors que l’univers pousse ses derniers soupirs, un seul nom retentit encore sur les ondes: Chuck Krant, comptable de profession. Mais pourquoi lui?
Avec cette nouvelle adaptation de Stephen King, Mike Flanagan (The Haunting of Hill House, Doctor Sleep) s’éloigne de l’horreur pour mieux embrasser l’émotion. Remontant le fleuve de l’existence à rebours, The Life of Chuck est un mélodrame étonnant, mystérieux, inclassable, parfois à la lisière de la guimauve, mais toujours sauvé par son optimisme sincère et l’excellence de ses comédiens. Un voyage ésotérique convaincu qu’un bref instant d’émerveillement justifie tous les cahots de l’existence.
J.D.P.
Motel Destino
Thriller érotique de Karim Aïnouz. Avec Iago Xavier, Nataly Rocha, Fábio Assunção. 1h55.
La cote de Focus: 2/5
Présenté au Festival de Cannes en 2024, le nouveau film du brésilien Karim Aïnouz (l’excellent La Vie invisible d’Eurídice Gusmão) était reparti bredouille de la compétition. Plus d’un an après, Motel Destino arrive dans les salles belges et ne devrait pas susciter davantage d’enthousiasme.
Le long métrage reprend peu ou prou le canevas du célèbre Facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain: Heraldo, un truand sans envergure, trouve refuge au Motel Destino, un hôtel de passe miteux tenu par un couple. La présence sensuelle de ce nouveau venu va rapidement éveiller les fantasmes de Dayana, peu comblée par son mari. Malheureusement, les ambitions torrides du projet restent à l’état d’ébauche. Les personnages, superficiels et peu incarnés, ne se décalent jamais de leur archétype, tandis que l’intrigue avance scrupuleusement sur des rails. A la réalisation, Karim Aïnouz confond affèterie et mise en scène; le cinéaste semble penser que quelques jolis néons suffisent à conférer une vraie identité à son film.
J.D.P.
Santosh
Thriller de Sandhya Suri. Avec Shahana Goswami, Sunita Rajwar, Sanjay Bishnoi. 2h08.
La cote de Focus: 3,5/5
A l’origine de Santosh, il y a une pratique indienne incongrue, celle du recrutement compassionnel qui permet à une veuve ou une orpheline de récupérer le logement de fonction mais aussi l’emploi de son mari ou père policier. Ainsi Santosh, jeune femme au foyer terrassée par le deuil de son amour, se voit proposer d’intégrer les forces de l’ordre. Alors que ses parents la poussent à aller habiter chez sa belle-famille, qui ne veut pas d’elle car elle n’a pas pu porter l’enfant de leur fils, elle est contrainte d’accepter le poste. Elle pénètre alors un monde de violence et d’exclusion. Volontaire, elle se retrouve affectée à une brigade féminine, dirigée par une supérieure qui a intégré tous les codes de la domination masculine. Le meurtre d’une jeune intouchable, doublement exclue par son sexe et sa caste, va enclencher chez Santosh une prise de conscience complexe. La jeune femme se trouve prise dans un conflit de loyauté, entre l’obéissance à sa hiérarchie et la vérité due aux familles.
Si la démonstration est parfois un peu appuyée, elle est servie par l’interprétation au cordeau de son actrice principale, Shahana Goswami, et un vrai talent à faire monter la tension au fil de la trajectoire dramatique riche et complexe de son héroïne, ballotée entre un deuil encore à résoudre, des illusions sérieusement bousculées et des convictions qui s’affirment dans l’adversité.
A.E.