Titre - Un silence
Genre - Drame
Réalisateur-trice - Joachime Lafosse
Casting - Avec Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux
Sortie - En salles le 24 janvier 2024
Durée - 1 h 39
Dans Un silence, Joachim Lafosse filme une famille construite par le non-dit. Un drame porté par Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos.
Un silence ne se caractérise pas par une absence, ou un défaut de parole, mais bien par une présence, un empêchement, comme une chape de plomb qui contribue à la perpétuation du règne des bons pères de famille. Une façon de ne jamais nommer les choses, de ne pas employer les mots qui parlent. Le silence n’est pas celui des victimes, mais celui des bourreaux et des gens qui savent. Depuis 25 ans, Astrid mesure sa parole. Sans nécessairement se taire, elle contrôle ce qu’elle dit. Elle soutient François, son mari, avocat sous les feux des projecteurs dans un procès tendu et hyper médiatique. Si Astrid se tait, c’est qu’il y a quelque chose à cacher. Le film commence avec elle et son regard, inquiet. Il s’achèvera aussi avec elle. C’est ce trouble que Joachim s’emploie à disséquer, en donnant à voir et en essayant de comprendre comment ce silence pèse sur les épaules d’Astrid, dépositaire d’une forme intériorisée de culpabilité comme de la responsabilité de la situation. Cette dernière, on se gardera bien de l’expliciter. Mais au moment où le récit démarre, elle se trouve à un point de non-retour. La déflagration vient de Raphaël, le fils d’Astrid et François, dernière victime en date du silence. Face à l’impuissance des mots, il ne peut faire autrement que de passer à l’acte, agir à défaut de pouvoir faire entendre la vérité. Une vérité qui n’est d’ailleurs pas tant cachée que volontairement ignorée.
Avec son dixième film, Joachim Lafosse explore en profondeur les mécanismes de “silenciation” à l’œuvre dans les situations de violences sexuelles, notamment au sein des familles. Un silence s’inscrit pleinement dans la conversation sociétale en cours et découle de l’ouragan #MeToo. Ce que l’on appelle “libération de la parole” est ici un abus de langage, puisqu’il s’agit davantage d’enfin entendre que de dire. Le cinéaste observe comment le secret (ou le silence) se nourrit des rapports de domination, mais aussi de la peur, de la honte, de l’impossibilité de nommer les choses telles qu’elles sont. Si les paroles des victimes existent ici, leurs mots résonnent dans le vide de la bienséance et de la “paix” sociale et familiale.
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