Titre - The Bikeriders
Genre - Drame
Réalisateur-trice - Jeff Nichols
Casting - Avec Jodie Comer, Austin Butler, Tom Hardy
Sortie - En salles le 19 juin 2024
Durée - 1 h 56
Avec The Bikeriders, Jeff Nichols nous offre une plongée dans l’envers sombre d’un véritable mythe américain.
De retour avec The Bikeriders, le cinéaste originaire de Little Rock, en Arkansas, Jeff Nichols s’est toujours montré particulièrement intéressé par les marges de la société américaine. Ses films ont successivement fait le portrait d’une fratrie d’une petite ville du sud des États-Unis entraînée dans une spirale de violence létale (Shotgun Stories, 2007), d’un modeste ouvrier en bâtiment de l’Ohio obsédé par des visions de fin du monde (Take Shelter, 2011), de deux adolescents du Mississippi embarqués dans une aventure à la Mark Twain (Mud, 2013), d’un enfant aux pouvoirs surnaturels traqué par des fanatiques religieux à travers le pays (Midnight Special, 2016) ou encore d’un humble couple interracial de Virginie victime de l’intolérance et du racisme ordinaire dans l’Amérique ségrégationniste des années 50 (Loving).
Tranche de vie
Dans The Bikeriders, long métrage librement inspiré d’un photo-book publié par le photographe Danny Lyon en 1967, il s’intéresse aujourd’hui à l’ascension et à la chute d’une bande fictionnalisée de motards de la région de Chicago, les Vandals. Situant son action dans les années 60, le film embrasse essentiellement le point de vue de Kathy (Jodie Comer) au moment où elle croise la route et tombe sous le charme de Benny (Austin Butler), gueule d’ange et tête brûlée qui vient d’intégrer le club de bikeriders rebelles emmené par l’énigmatique Johnny (Tom Hardy). Au fil des années, Kathy va assister de l’intérieur à la tragique évolution d’un clan aux aspirations libertaires passant du statut de véritable refuge indépendant pour tous ceux qui ont du mal à trouver leur place dans la société à celui de sinistre gang criminel trahissant ses idéaux…
Dans la trajectoire de ses personnages et de son club, The Bikeriders rappelle immanquablement une série comme Sons of Anarchy. L’atmosphère y est toutefois d’abord plutôt feelgood, avant que cette plongée au cœur d’un véritable mythe américain ne commence à révéler son envers sombre. Construit à la manière d’une succession de tranches de vie, le film, rythmé par des interviews face caméra, peut parfois sembler quelque peu décousu, mais il finit par gagner en densité à mesure que s’étiole un âge d’or prompt à enterrer ses belles utopies. Son final au goût amer ne s’en éclaire pas moins d’une timide lueur d’espoir, laissant croire qu’un changement positif est encore possible. Quant à Austin Butler, l’iconique Elvis de Baz Luhrmann, il y a quelque chose de la jeunesse et de la fureur de vivre d’un James Dean en chien fou au magnétisme exacerbé.
Le prochain film de Jeff Nichols devrait être une adaptation du Passager et de Stella Maris, l’ultime diptyque publié par l’immense romancier américain Cormac McCarthy. C’est peu dire qu’on en attend beaucoup.
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