Sur le tournage belge du prochain Largo Winch

Sur un plateau enneigé, Olivier Masset-Depasse discute avec ses deux acteurs principaux, Tomer Sisley et James Franco. © Guillaume Van Laethem/Versus Prod/Pan Cinéma

Au début de l’été, Olivier-Masset Depasse achevait près de Wavre le tournage de son quatrième long métrage, Le Prix de l’argent: une aventure de Largo Winch. Un projet d’envergure pour le cinéaste belge, qui l’entraînait sur de nouveaux territoires, au sens propre comme au figuré. Visite sur le plateau…

“Le secret, ce sont les repérages.” Face à nous, en plein soleil, une villa wallonne dont on nous explique qu’à l’écran, il s’agira d’un chalet canadien terré dans la neige. Là comme ça, il faut un peu d’imagination pour s’y projeter. Mais en entrant, en jetant un œil par les fenêtres, on s’y croirait presque. L’hiver dernier, un drone est venu filmer la maison sous la neige. La magie du cinéma n’attend qu’à faire son effet.

Quand on tend l’oreille -et le micro- auprès de l’équipe, on s’aperçoit que tout le monde parle encore du plateau de la semaine précédente, installé du côté de Charleroi, dans une carrière désaffectée. L’objectif? Faire croire à une mine de cobalt, située au fin fond de la Birmanie. Grâce à des repérages intensifs, le réalisateur Olivier Masset-Depasse (Illégal, Duelles) a déniché des lieux incroyables (en Wallonie donc, mais aussi en Thaïlande ou en Bulgarie). “Des décors sur lesquels on intervient au minimum”, explique le producteur. Car en plus d’être un pari artistique, Le Prix de l’argent: une aventure de Largo Winch est un pari industriel pour la société liégeoise Versus Production, qui sort de sa zone de confort (située du côté du cinéma d’auteur, de Masset-Depasse à Bouli Lanners). “Sur ce genre de film, on n’a jamais assez d’argent, continue Jacques-Henri Bronckart. Mais on a su développer en Belgique une vraie capacité à ce que tout le budget se voit à l’écran. Il faut être ingénieux. Ça passe par la capacité d’adaptation. J’aime l’idée qu’un film est une matière vivante, qu’il se réinvente et se retravaille jusqu’au bout.

Olivier Masset-Depasse poursuit: “Le plus compliqué avec les scènes d’action, c’était de trouver le bon équilibre entre le fait que ce soit extrêmement préparé, et le fait de laisser un peu de place à l’improvisation, même dans des moments hyper chorégraphiés, ce qui m’a permis d’aller plus loin avec les comédiens.” Car si ce troisième opus respecte le cahier des charges de la franchise niveau action, il se distingue par son approche noire (“très noire”, insiste Tomer Sisley en souriant) du récit. Aux cascades se greffe un thriller psychologique nourri par les émotions que le cinéaste est allé chercher chez ses interprètes. Oui, Tomer Sisley et consorts font leurs cascades eux-mêmes, mais ils pleurent, souffrent, hésitent et regrettent aussi. “Un peu d’esbroufe, sans perdre les personnages”, plaisante Masset-Depasse.

Duel chorégraphié

Aux côtés du comédien français qui rendosse le costume de Largo, on retrouve une guest star de choix. James Franco incarne Esio, antagoniste et némésis de Winch. “Je suis le méchant, s’amuse-t-il. Je suppose que l’une des choses incroyables quand on fait des films, c’est qu’on peut faire des choses qu’on ne ferait jamais dans la vraie vie. J’incarne souvent des personnages qui peuvent être très éloignés de moi. Mais si en plus on joue le méchant, on peut aller encore plus loin, transcender toutes les pulsions qu’on peut avoir dans des moments de colère et qu’on retient dans la vraie vie. Il y a quelque chose de cathartique là-dedans.” L’acteur et réalisateur américain révélé par Spider-Man a connu sa part d’action movies par le passé. Mais les choses ici diffèrent légèrement. On est loin des fonds verts d’Hollywood. “J’ai fait pas mal de films d’action. Mais la semaine dernière, nous étions dans une mine, perchés sur une structure métallique, avec des tapis roulants qui convoient les matériaux. On tournait de nuit, il fallait aller vite. C’était très intense, voire effrayant. Mais quand on joue une scène d’action avec un autre comédien, c’est plus une danse qu’un affrontement, on ne se bat pas, on essaie plutôt de s’aider. C’est presque un ballet, une bagarre chorégraphiée. Pour ça, il fallait un bon partenaire. C’est le cas de Tomer.

Tomer Sisley rempile dans le rôle de Largo Winch pour la troisième fois.
Tomer Sisley rempile dans le rôle de Largo Winch pour la troisième fois. © Guillaume Van Laethem/Versus Prod/Pan Cinéma

Un bon partenaire, et un réalisateur de confiance. Quand la star reçoit la proposition de tourner dans un film belgo-français, il est d’abord circonspect. “Puis j’ai regardé Duelles. Ça m’a beaucoup impressionné, c’est incroyablement bien réalisé et le jeu est incroyable. J’ai retrouvé cette intensité chez Olivier. Il est incroyablement passionné. C’est un vrai fan de cinéma, un cinéphile averti, et ça se ressent sur le plateau. Il n’est jamais blasé. J’ai évidemment déjà travaillé avec des gens passionnés mais là, c’est encore autre chose. Il y a quelque chose de très frais, très juvénile dans son amour du cinéma.

Même son de cloche chez Tomer Sisley, qui voit dans ce nouvel opus une rupture autant qu’un renouveau: “Un peu comme Casino Royale représentait un tournant à 90 degrés dans l’univers de James Bond. Avec Olivier, on change de registre, on emmène le personnage ailleurs.” L’acteur français a relevé le challenge avec appétit. D’abord, parce que le personnage de Largo Winch ne pouvait pas lui échapper: “Quand j’ai découvert les trois premiers tomes de la bande dessinée, je me suis dit que Largo Winch, c’était moi, forcément. Je n’avais jamais rencontré un personnage de fiction avec lequel j’avais autant de points communs.” Ce qui l’a convaincu d’accepter les retrouvailles avec l’aventurier milliardaire, c’est le défi que représentait le fait de retrouver le personnage: “C’est vraiment excitant de remettre un costume quinze ans plus tard, on se pose plein de questions. Est-ce encore le même? Qu’est-ce qui reste du personnage qu’on a campé? Qu’est-ce qui change, et pourquoi” Puis, il y avait la promesse artistique amenée par Olivier Masset- Depasse, dont il a adoré le deuxième film, Illégal. Une promesse que le réalisateur a à cœur de respecter: “Ce qui compte pour moi, c’est de faire quelque chose d’humain, où les émotions ont toute leur place. Ce que j’ai toujours essayé de faire, c’est un cinéma un peu plus subjectif, et immersif, et j’espère que l’on retrouvera ces marqueurs-là dans Le Prix de l’argent: une aventure de Largo Winch.” Un objectif à confirmer en salles en octobre 2024.

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