Star de westerns, Claudia Cardinale s’est éteinte à l’âge de 87 ans

Claudia Cardinale dans «Il était une fois dans l'ouest», de Sergio Leone. © Getty Images

L’actrice Claudia Cardinale est décédée, mardi, à 87 ans. Elle laisse derrière elle un impressionnant répertoire de rôles partagés entre les westerns, les comédies et les films de cape et d’épée.

L’actrice italienne naturalisée française Claudia Cardinale, connue pour ses plus de 150 rôles dans des westerns, comédies et films de cape et d’épée, est décédée à l’âge de 87 ans en région parisienne. La comédienne et mannequin, née à Tunis en 1938, est décédée mardi « auprès de ses enfants » à Nemours, près de Paris, où elle habitait, a ajouté son agent. « Elle nous laisse l’héritage d’une femme libre et inspirée tant dans son parcours de femme que d’artiste« , a-t-il indiqué.

Celle qui a notamment joué dans « Le Guépard » et « Il était une fois dans l’Ouest » a remporté, durant sa carrière longue de près de soixante ans, un Lion d’Or à Venise en 1993 et un Ours d’Or à Berlin en 2002. Elle a joué dans le meilleur du renouveau italien (Bolognini, Zurlini, Squitieri), brillé à Hollywood (Edwards, Brooks, Leone), en France (Broca, Verneuil) et même en Allemagne avec Werner Herzog et son maudit « Fitzcarraldo ».

« J’ai eu la veine de commencer dans les moments magiques du cinéma. Tous les grands metteurs en scène ont été mes maîtres et moi, je n’ai jamais appelé personne. C’est eux qui m’ont demandée », résumait-elle à 74 ans sur France Culture.

Une carrière auprès des plus grands

Née à La Goulette, près de Tunis, le 15 avril 1938 d’une Française et d’un Sicilien, Claude Joséphine Rose Cardinale parle français, arabe et sicilien, mais c’est dans le cinéma italien qu’elle débute. Les réalisateurs n’aimant pas sa voix rauque et son accent français la feront doubler jusqu’à Fellini et son « Huit et demi » (1963).

À 17 ans, un concours de beauté qu’elle remporte sans même être candidate bouleverse sa vie: « La plus belle Italienne de Tunis » gagne un voyage à la Mostra de Venise où elle fait sensation. « Je ne voulais pas faire de cinéma. C’est ma sœur qui voulait. Mais ils ont tellement insisté (…) que mon père a lâché », confiait-elle sur France Inter.

Sous contrat avec le producteur Franco Cristaldi, elle devient sa créature. Sur le tournage de la comédie culte du « Pigeon » (1958) de Monicelli, elle découvre qu’elle est enceinte. Elle confiera des années plus tard qu’elle a été violée. Son producteur lui impose de cacher sa grossesse. Après un accouchement dans le secret à Londres, il la convainc de confier l’enfant à ses parents: Patrick sera officiellement son jeune frère, jusqu’à ce qu’elle révèle la vérité sept ans plus tard.

Elle n’a que 22 ans lorsque Visconti la fait tourner dans « Rocco et ses frères » (1960). Il lui fait peindre ses yeux en noir et lui enseigne le métier. La Cardinale le suivra partout: dans « Le Guépard » en 1963, elle crève l’écran entre Burt Lancaster et Alain Delon. En parallèle, elle tourne un autre chef-d’œuvre, « Huit et demi », de Fellini. « Visconti, précis, méticuleux comme au théâtre, me parlait en français et me voulait brune aux cheveux longs. Fellini, bordélique et dépourvu de scénario, me parlait en italien et me voulait plutôt blonde aux cheveux courts. Ce sont les deux films les plus importants de ma vie« , racontait-elle au quotidien français Le Monde.

Claudia Cardinale à Paris, en 2022. © GC Images

À 23 ans, elle fait une entrée fracassante à Cannes avec « La fille à la valise » de Zurlini et « Le mauvais chemin » de Bolognini: on la prend pour une Bardot brune. Dix ans plus tard, « BB » et « CC » joueront ensemble dans la poussière dans les « Pétroleuses ».

« Je suis devenue l’héroïne d’un conte de fées, le symbole d’un pays dont je parlais à peine la langue », écrivait l’actrice dans son autobiographie « Mes étoiles ».

Réclamée par Hollywood, où elle refuse de s’installer, elle séduit les Américains dans « La panthère rose », puis « Le plus grand cirque du monde » de Henry Hathaway où elle joue la fille de Rita Hayworth.

Après « Sandra » de Visconti où elle porte la robe de mariée de la mère du réalisateur, et « Les Professionnels » avec Burt Lancaster, elle est l’héroïne d' »Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone (1968), seule femme entre Charles Bronson et Henry Fonda.

Le Napolitain Pasquale Squitieri, son compagnon pendant presque 30 ans, son « seul amour » et le père de sa fille Claudia, lui a fait tourner dix films de 1974 à 2011.

En 2017, le festival de Cannes avait choisi une photo de sa jeunesse pour son affiche, rendant hommage à « une comédienne aventurière, femme indépendante, citoyenne engagée ». Aux jeunes comédiennes, l’actrice, qui a toujours refusé de se dénuder, recommandait de ne pas « tout accepter pour un rôle qui peut vous abîmer ou vous donner l’impression de vous vendre ».

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