Sorties ciné: en perdition dans la guerre de Sécession, Sandrine Kiberlain en Sarah Bernhardt et le retour de Mike Leigh

Dans The Damned, des soldats errent loin de la ligne de front de la guerre de Sécession.
FocusVif.be Rédaction en ligne

The Damned de Roberto Minervini suivant des soldats errant pendant la guerre de Sécession, un drame historique sur Sarah Bernhardt, un premier long métrage sensible d’une réalisatrice belgo-japonaise: les sorties ciné de la semaine.

The Damned

Drame historique de Roberto Minervini. Avec René W. Solomon, Jeremiah Knupp, Noah Carlson. 1h28.

La cote de Focus: 4/5

Réalisateur venu du documentaire, Roberto Minervini s’essaie à la fiction sans rien perdre de la rigueur, de la précision et de la patience de son regard. Convaincu qu’un film de guerre ne devrait jamais glorifier les armes, il s’intéresse, au cœur de l’hiver, à l’attente, à l’inaction, au doute et à l’ennui qui font le quotidien d’une poignée de soldats de l’Union en patrouille dans des régions inexplorées de l’Ouest durant la guerre de Sécession.

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Ces hommes en quête de sens sur leur engagement, voire même d’un sentiment d’appartenance au «Grand Tout» qui les enveloppe de son indifférence, tombent doucement le masque tandis qu’ils guettent un ennemi invisible… Primé à Cannes, The Damned épate par son sens délicat de l’épure et de l’immersion sensorielle. Une fascinante expérience de cinéma.

N.C.

Soft Leaves

Drame de Miwako van Weyenberg. Avec Lill Berteloot, Geert Van Rampelberg, Masako Tomita. 1h30.

La cote de Focus: 3/5

Yuna, 11 ans, vit seule avec son père Julien depuis que sa mère est rentrée au Japon et que son grand frère est parti étudier en Allemagne, quand un banal accident vient bouleverser leur quotidien. Alors que le pronostic de Julien est engagé, Kai revient auprès de sa sœur. Mais sa présence ne peut durer qu’un temps, et tous deux accueillent avec circonspection le retour de leur mère Aika, accompagnée de leur nouvelle petite sœur.

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Soft Leaves, coming of age fluide et délicat, souligne la distance émotionnelle qu’un fossé culturel et un éloignement géographique peuvent creuser entre une mère et ses enfants, habilement illustrée par quelques moments d’intimité, quand Aika danse dans d’alcôve de sa chambre, ou quand Yuna dessine. Le film réserve aussi une poignée de scènes émouvantes à Kai, notamment quand il retrouve le chemin du rire, un rire pudique et sincère partagé avec sa mère. Un premier film modeste mais prometteur, tendre et solide à la fois, traversé par le chant des oiseaux et le bruit du vent dans les feuilles.

A.E.

Deux sœurs (Hard Truths)

Drame de d. Avec Marianne Jean-Baptiste, David Webber, Michele Austin. 1 h 37.

La cote de Focus: 4/5

Rarement un film aura aussi bien porté son nom. C’est une vérité sans fard que Mike Leigh nous impose, sans rédemption finale et sans répit. Le film débute par un cauchemar, un réveil à bout de souffle, celui de Pansy (stupéfiante Marianne Jean-Baptiste), dont la colère préside à chacune de ses interactions, sans qu’il nous soit jamais donné à en comprendre les raisons. On la voit dans sa douleur et sa terreur, figée par la dépression.

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Mike Leigh déploie comme dernier filet de sécurité le réseau familial qui l’entoure, dans sa résilience comme dans son impuissance. Hard Truths est un film âpre, toujours sur le fil, presque drôle tant il est frontal, mais l’inconfort est trop présent pour que le rire permette de relâcher la pression. Un portrait brutal résolument déprimant, à bon escient sûrement.

A.E.

Sarah Bernhardt, la Divine

Drame biographique de Guillaume Nicloux. Avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar. 1h38.

La cote de Focus: 3/5

Cinéaste résolument tout-terrain, le Français Guillaume Nicloux (Le Poulpe, La Religieuse, L’Enlèvement de Michel Houellebecq) coscénarise et réalise ce drame biographique consacré à la mythique tragédienne Sarah Bernhardt (1844-1923), près d’un demi-siècle après The Incredible Sarah de Richard Fleischer avec Glenda Jackson. Se concentrant sur deux moments clés de son existence (la journée de son jubilé et l’amputation de sa jambe), le long métrage a le bon goût de tenter d’éviter les pièges du biopic traditionnel en tournant le dos au récit totalisant, façon page Wikipédia filmée. On y découvre la femme derrière la légende, avec, en filigrane, son histoire d’amour contrariée avec le comédien Lucien Guitry (Laurent Lafitte), père du célèbre Sacha.

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Convaincue qu’«on paie toujours ses moments de bonheur», l’actrice au génie décorseté délicieusement égocentré apparaît en icône émancipée mue par la passion et, par-dessus tout, éprise de liberté malgré la souffrance et la douleur qui la rongent. Saturé de dialogues en quête de bons mots, le film, davantage fidèle à l’esprit qu’à la lettre, manque objectivement un peu de liant et affiche une certaine inclination à se disperser. Bernhardt y croise notamment Sigmund Freud, Emile Zola et Edmond Rostand dans les salons parisiens, en empruntant les traits d’une Sandrine Kiberlain qui a tendance à légèrement surjouer l’exubérance et l’iconoclasme échevelé tout en restant heureusement toujours attachante. Les résonances actuelles de ce portrait vif et piquant d’une femme résolument en avance sur son temps, qui défie les conventions avec style et panache, sont nombreuses, et évitent au film de se retrouver figé dans un passé sous cloche. On y goûte l’amour du verbe et des idées dans un grand éclat de vie.

N.C.

Fuga

Fiction documentaire de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez. 1h31.

La cote de Focus: 3,5/5

Avec Fuga, Bénédicte Liénard et Mary Jimenez (By the Name of Tania) interrogent les fantômes de l’histoire récente du Pérou, à travers une enquête mémorielle et spirituelle menée par Saor, parti sur les traces de Valentina, chanteuse transgenre échappée de la folie terroriste et des persécutions homophobes qui ont ravagé le pays. Saor est un passeur d’âme. Il remonte le fleuve pour ramener le corps de Valentina chez elle, retourner dans son passé, croiser celles et ceux qui l’ont côtoyée avant l’exil, sous une autre identité, un autre destin. Au fil de son périple, il écoute, recueille les témoignages, faisant naître autant de récits intimes qui disent la peur, la honte, les discriminations.

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La forme hybride du film mêle les acteurs non professionnels qui partagent leur expérience, et l’extrême cinématographie des lieux, où évolue la figure mystique de Saor. Fuga documente la violence, guerrière et homophobe, qui concerne la communauté dans son ensemble, et explore le traumatisme d’une population qui abrite en son sein d’anciens terroristes même pas repentis. A travers son habile mise en scène, hautement sensorielle, c’est toute une part de la mémoire récente du Pérou qui est donnée à comprendre.

A.E.

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