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Sorties ciné: alors, il vaut quoi le biopic de Dylan avec Timothée Chalamet?
A Complete Unknown, le très attendu biopic de Dylan avec Timothée Chalamet, côtoie un drame islandais et une love story queer euphorisante dans les sorties ciné de la semaine.
Biopic musical de James Mangold. Avec Timothée Chalamet, Edward Norton, Monica Barbaro. 2h20.
La cote de Focus: 3,5/5
Après Walk the Line, James Mangold s’aventure à nouveau sur les terres du biopic musical. Il fait le choix d’une mise en scène des plus classiques, pour tenter d’appréhender la double contrainte posée par la représentation du mythe Dylan: façonner l’image d’une idole déjà devenue elle-même image, et courir après la vérité d’un homme perpétuellement en fuite.
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On ne sait que peu de choses de la vie intime de Dylan, on ne verra pas son enfance, et ses relations sentimentales ne sont traitées que via le prisme de leur apport à sa créativité. Reste alors sa musique, comment elle préexiste au mythe et se réinvente quand on voudrait la figer. Et c’est la musique avant tout que Timothée Chalamet parvient à incarner, échappant au mimétisme, proposant sa propre lecture du mythe pour donner envie de s’y replonger.
When the Light Breaks
Drame de Rúnar Rúnarsson. Avec Elin Hall, Mikael Kaaber, Katla Njálsdóttir. 1h22.
La cote de Focus: 3/5
Film d’ouverture de la section Un certain regard au dernier festival de Cannes, le nouveau long métrage du réalisateur islandais Rúnar Rúnarsson (Sparrows, Echo) concentre son intrigue sur une seule longue journée d’été, d’un coucher de soleil à un autre. Una, une jeune étudiante en art, vit un amour secret avec Diddi, qui s’apprête à rompre avec sa copine afin d’officialiser leur liaison. Mais celui-ci meurt dans un accident brutal, laissant Una à un chagrin profond qu’elle ne peut exprimer publiquement. La possibilité d’un deuil devient alors, pour elle, semblable aux miroitements d’une lumière fragile tout au bout d’un tunnel…
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Epuré dans sa forme, le film observe avec minutie les conséquences intimes d’une tragédie venue déchirer le cours ordinaire des choses. Tristesse et joie, douleur et beauté, trahison et sororité… Les contraires s’attirent inexorablement dans ce drame adolescent qui flirte hélas parfois avec une certaine complaisance, sous son indéniable délicatesse.
Les Reines du drame
Comédie dramatique d’Alexis Langlois. Avec Louiza Aura, Gio Ventura, Bilal Hassani. 1h55.
La cote de Focus: 4/5
2055: Steevyshady, star des réseaux, revient sur la love story entre Mimi Madamour, princesse pop, et Billie Kohler, punkette emo, qui a déchiré la pop française. Les Reines du drame livre une histoire on ne peut plus classique d’ascension et de chute des idoles. Sauf que derrière cette dramaturgie intemporelle, Alexis Langlois convoque un maelström de références empruntées aux pop cultures qui la font vibrer, du cinéma hollywoodien des années 1950 à la pop sucrée des années 2000.
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A travers ce conte musical qui brasse joyeusement les esthétiques, elle questionne avec habileté la question du goût, bon ou mauvais, les endroits où cultures mainstream et indé entrent en collision pour créer des œuvres hybrides, patchworks d’influences cousus de fil d’or. Audacieux, euphorique et revigorant, imaginant avec gourmandise les images manquantes de la culture queer contemporaine en jouant intelligemment des mises en abyme, Les Reines du drame s’affranchit des genres pour inventer son style, la mélocomédie.
L’Attachement
Drame de Carine Tardieu. Avec Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons. 1h46.
La cote de Focus: 3/5
Avec L’Attachement, la réalisatrice française Carine Tardieu (Du vent dans mes mollets, Les Jeunes Amants) adapte librement L’Intimité, le roman d’Alice Ferney (Actes Sud, 2020). Elle choisit, pour ce faire, de se concentrer essentiellement sur le personnage de Sandra (Valeria Bruni Tedeschi), une quinquagénaire féministe et farouchement indépendante dont certaines certitudes vont être ébranlées le jour où elle est amenée à partager bien malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, ceux-ci deviennent peu à peu sa famille d’adoption…
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Entre justesses et maladresses, cette mignonnerie à la fantaisie un peu forcée rappelle, dans ses enjeux, le très beau drame de Rebecca Zlotowski avec Virginie Efira, Les Enfants des autres (2022). Plus laborieux, le film de Carine Tardieu n’en possède pas moins quelque chose d’indéniablement… attachant.
September 5
Drame de Tim Fehlbaum. Avec Peter Sarsgaard, John Magaro, Leonie Benesch. 1h34.
La cote de Focus: 3,5/5
Le 5 septembre 1972, des athlètes israéliens sont pris en otage en plein cœur du village olympique des J.O. de Munich par des membres de l’organisation palestinienne Septembre noir. Resté tristement célèbre, ce tragique fait divers et ses sombres conséquences ont déjà plusieurs fois inspiré le cinéma, que ce soit du côté du documentaire (One Day in September de Kevin Macdonald en 1999) ou de la fiction (Munich de Steven Spielberg en 2005). Le réalisateur suisse Tim Fehlbaum (Hell, La Colonie) revient à son tour aujourd’hui sur les faits en proposant une approche fictionnelle assez inédite. Son September 5 s’intéresse en effet à la délicate couverture médiatique de cet événement sous haute tension. Il adopte plus précisément le point de vue des membres de l’équipe d’ABC Sports, chaîne de télévision américaine qui s’est, à l’époque, vue contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions olympiques afin de couvrir en direct la prise d’otages. Dans ce contexte, l’ambitieux jeune producteur Geoffrey Mason (le génial John Magaro, vu notamment dans First Cow et Past Lives) tente de marquer des points auprès de son patron, le légendaire Roone Arledge (Peter Sarsgaard). Avec, en filigrane, tous les dilemmes moraux que charrie inévitablement une telle information en continu…
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Nommé notamment cette année aux Golden Globes et aux Oscars, September 5 a l’intelligence de s’appuyer sur les codes et l’efficacité du cinéma de genre afin de distiller en sous-main ses interrogations liées à l’éthique journalistique. En résulte un huis clos à l’urgence palpable, porté par un suspense digne d’un solide thriller, qui questionne avec une réelle acuité la limite parfois ténue qui sépare l’information du voyeurisme. Emmené par un casting résolument international (l’Allemande Leonie Benesch, vue dans La Salle des profs, le Français Zinedine Soualem, habitué des longs métrages de Cédric Klapisch…), le film, minutieuse reconstitution aux évidentes résonances actuelles, fait office de salutaire piqûre de rappel sur la nécessité d’une rigoureuse déontologie à l’ère trouble de la désinformation.
Patsers
Action movie d’Adil El Arbi et Bilall Falah. Avec Matteo Simoni, Saïd Boumazoughe, Junes Lazaar. 1h59.
La cote de Focus: 1,5/5
Avec Patser, Adil & Bilall avaient surpris –et parfois séduit– grâce à leur énergie et leur capacité à remixer leurs influences (des films de Scorsese à l’esthétique néon des jeux vidéo en passant par les buddy movies) un public qui ne s’attendait pas à trouver dans le cinéma belge autant d’action, de blagues et de baston. Après un passage mouvementé par les Etats-Unis (un reboot de la franchise Bad Boys avec deux nouveaux opus, une série Marvel et un fiasco DC Comics), ils reviennent avec une recette éprouvée à Hollywood.
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En effet, Patsers est la suite de Patser et aura sa propre suite, apprend-on à l’occasion du générique de fin, alors que l’on était en train de s’interroger sur la pertinence de cette première suite, où n’ayant plus la surprise (et le plaisir) de découvrir l’arène du trafic de drogue à Anvers et ses personnages hauts en couleur, on ne retrouve plus qu’une violence sérieusement gratuite, et un humour plutôt lourdaud, que les quelques fulgurances de mise en scène –certes déjà vues mais efficaces– ne suffisent pas à compenser.
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