Quelle visibilité pour les LGBT au cinéma?
Brokeback Mountain, Pédale douce, Les Amours imaginaires, La Vie d’Adèle, Carol… Depuis quelques années, le 7e art propose des films variés traitant de l’homosexualité. Mais quelle visibilité ont réellement les LGBT dans le cinéma aujourd’hui?
L’amour, l’enfance, la maladie, la famille, la guerre, etc. Depuis sa création, le cinéma a pour tradition de puiser son inspiration dans les thèmes et les grands événements qui animent notre société. Mais il est un sujet que le 7e art aborde plus timidement: l’homosexualité. Ainsi, si le premier baiser entre deux hommes est apparu dans le film Wings de William A. Wellman en 1927, plusieurs experts s’accordent à dire qu’il faudra attendre 2005, avec Brokeback Mountain pour qu’un film sur l’homosexualité connaisse un vif succès auprès du public. D’abord montrée pour choquer les spectateurs, au même titre que la violence, et donc attirer les foules dans les salles obscures, l’homosexualité va par la suite prendre une place un peu plus importante dans le cinéma, lorsque les codes qui le régissent vont changer et les moeurs se libérer.
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Même si aujourd’hui, raconter l’histoire d’amour entre deux personnes de même sexe ne semble plus défrayer les chroniques, le cinéma met encore trop peu souvent en scène la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT). En témoigne le rapport annuel de l’association GLAAD (Gay and Lesbian Alliance again Difamation), publié en mai dernier. Basée sur 126 longs métrages réalisés par sept des plus grands producteurs hollywoodiens, l’étude démontre que seulement 22 d’entre eux mettent en scène un ou plusieurs personnages LGBT, soit un faible pourcentage de 17,5%. Si certains producteurs comme Lionsgate s’en sortent avec un ratio de 33%, d’autres sont montrées du doigt pour n’avoir inclus aucun personnage homosexuel dans leurs films diffusés en 2015, c’est le cas par exemple de Paramount et Disney. L’étude démontre aussi que le cinéma américain présente rarement des personnages issus de la communauté LGBT et que s’il le fait, c’est souvent en leur attribuant une image caricaturale ou peu valorisante. Au total, seulement 8 longs-métrages sur les 126 étudiés ont réussi le test de Vito Russo, directement inspiré du test de Bechdel et qui évalue la place des LGBT dans le cinéma, en identifiant clairement les personnages LGBT, en leur accordant de l’importance dans le scénario et en ne faisant pas d’eux un rôle à moquer.
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Malgré tout, quelques avancées en la matière ont été observées ces dernières années. Ainsi, depuis 2010, le Festival de Cannes récompense, de la Queer Palm, le long-métrage qui aborde le mieux les thématiques homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou « Queer », c’est-à-dire proposant des personnages et des sujets cassant les codes et sortant de la norme. Cette année, c’est le documentaire Les Vies de Thérèse, du réalisateur français Sébastien Lifshitz qui a été récompensé, tout comme Gabber Love, d’Anna Cazenave-Cambet qui lui, s’est vu couronné de la Queer Palm du court métrage. Une évolution qui ne laisse pas indifférent le public, puisqu’il semble même vouloir accélérer ces changements. En effet, certains amateurs du dessin animé Frozen ont marqué leur désir de voir Elsa, l’héroïne de ce conte glacé, succomber aux charmes d’une femme plutôt que d’un prince charmant. Plus récemment et toujours chez Disney, c’est la deuxième bande-annonce du film Finding Dory qui a fait réagir les spectateurs, le teaser laissant entrevoir la possibilité d’un couple de lesbiennes.
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Si ces nombreux changements ravissent les associations, celles-ci soulignent tout de même le fait que le succès de certains films traitant de l’homosexualité, comme La Cage aux Folles, Brokeback Mountain ou plus récemment Danish Girl, peut fausser la visibilité des LGBT au cinéma, puisque celui-ci donne au spectateur l’illusion d’une égalité avec les autres films.
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