Quel avenir pour la 3D?
Liftings en vue pour Star Wars et Titanic! Mais la 3D, annoncée comme le futur du cinéma, montre déjà ses limites, et un marché quelque peu hésitant pourrait remettre en cause le raz-de-marée promis…
James Cameron l’a proclamé haut et fort: le cinéma se fera désormais en 3D ou ne se fera pas! Le réalisateur d’Avatar n’éprouve pas le moindre doute quant à la généralisation, inévitable, d’un procédé technologique appelé à devenir LA manière de consommer les images dans un futur imminent. Martin Scorsese, qui vient de découvrir la 3D pour son merveilleux Hugo, ne jure plus que par une forme qu’il aimerait utiliser pour tous ses films à venir, et dont il regrette de ne pas avoir pu disposer à l’époque, estimant qu’un Taxi Driver en eût par exemple été transcendé! On comprend l’enthousiasme de ces 2 cinéastes, justement ceux (les seuls?) ayant étés capables de faire du relief un usage créatif souverain, abouti, superbe. Il n’en reste pas moins que la 3D, phénomène majeur des toutes dernières années, pourrait tout doucement parvenir aujourd’hui à la croisée des chemins…
Certes, le mouvement vers le relief peut paraître plus irrésistible que jamais, à l’annonce de tous les films en 3D appelés à sortir en 2012 et 2013. Les titres s’amoncellent, dans leur immense majorité en provenance des Etats-Unis où il n’est presque plus envisageable aujourd’hui de proposer un film d’animation, fantastique, de science-fiction ou d’horreur, sans l’atout supplémentaire du relief. Certes aussi, on nous rebat les oreilles avec l’inévitable avènement de la télévision en 3D, à coups de projections censées donner un coup de vieux instantané à nos écrans désespérément plats, fussent-ils du dernier cri HD.
Croyants et sceptiques
Mais plusieurs éléments commencent à faire douter de cette marche triomphale, et à faire vaciller les certitudes de ses apôtres béats. A commencer par de nouveaux chiffres montrant une progression attendue des ventes de télés 3D bien plus lente que récemment prévu. Et des réflexions au sein même de l’industrie de contenus (cinématographiques, télévisés, surtout), pointant un rapport coût-bénéfice moins attractif qu’espéré voici peu encore.
Cameron et Scorsese sont, avec le Wim Wenders de Pina et le Werner Herzog de Cave of Forgotten Dreams, parmi les rares créateurs ayant démontré le potentiel artistique du format 3D. Le reste de la production affichant une utilisation du relief insuffisante, voire -souvent- carrément inutile. Le public, pas aussi bête que certains veulent le penser, est en train de le comprendre. Et face au choix entre projections traditionnelles et projections 3D plus chère, il fait le -sage- choix de l’économie. En Europe, singulièrement, même les blockbusters les plus spectaculaires souffrent de cette attitude. Un effet de la crise? Pas seulement! Nombre de spectateurs trouvent, à raison, que l’apport actuel de la 3D ne justifie pas la différence de prix. Et certains reprochent, non moins judicieusement, à la technologie de provoquer inconfort, fatigue visuelle, voire maux de tête en cours de projection. Pour « forcer » les clients potentiels, il faudrait ne plus leur laisser le choix, en ne sortant les films qu’en version 3D. Mais il faudrait alors convertir nettement plus de salles, à un coût que les profits actuels ne semblent pas (plus?) justifier. Si l’industrie du cinéma ne voit pas dans l’effet 3D une garantie de revenus supplémentaires élevés, la vague actuelle pourrait retomber comme celle des années 50 l’avait fait après l’impact fabuleux des premiers films en relief, entre 1952 et 1955…
L’avenir proche départagera « croyants » et sceptiques. De manière assez évidente, l’univers des jeux, sur console ou pas, doit espérer beaucoup d’une 3D aux puissants effets d’immersion dans la virtualité ludique. Des programmes comme les directs sportifs (une Coupe du Monde de foot en 3D, comme annoncé pour celle de 2014, par exemple) peuvent promettre des sensations précieuses. Et l’industrie des écrans, de ceux de cinéma à ceux des téléphones en passant par la télévision et les ordinateurs, devrait poursuivre sur une lancée qu’elle espère éminemment profitable. Mais faute d’opérer un basculement majoritaire vers le nouveau hardware, les doutes qu’on sent déjà monter pourraient mettre plus que quelques grains de sable dans la machine. Dans un contexte global où la crise économique aura sans nul doute un impact…
3D, LA REPASSE
Les 2 événements 3D de ce début d’année ne sont pas de nouveaux films, tournés directement pour le standard à la mode, mais bien des classiques rhabillés façon relief, via des techniques de postproduction aussi coûteuses que (parfois) spectaculaires. Nous nous verrons proposer d’abord Star Wars Episode 1: The Phantom Menace 3D, 1er des 6 films de la saga de George Lucas à subir le processus, la totalité des épisodes devant y passer si le succès est au rendez-vous. Ce qui reste probable, au vu des 1ers extraits disponibles… Deux mois plus tard, c’est le gigantesque Titanic qui nous révélera son lifting 3D. On imagine, là aussi, que le réalisateur et entrepreneur avisé qu’est James Cameron aura soigné les choses. Il y a en tout cas mis le prix: 18 millions de dollars, pour 60 jours de travail et 300 techniciens. Ce qui fait cher le relooking!
STAR WARS EPISODE 1: THE PHANTOM MENACE 3D, SORTIE EN SALLES LE 8/02. WWW.STARWARS.COMTITANIC 3D, SUR LES ÉCRANS LE 4/04. WWW.TITANICMOVIE.COM
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Louis Danvers
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